Les vieux métiers
Les divers métiers que nous trouvons énumérés dans les archives de Romans-sur-Isère jusqu’à la fin du XVè siècle sont les suivants : parcheminiers, tanneurs, ceinturiers, tondeurs, drapiers, tisserands, tailleurs, boursiers, brochiers, teinturiers, grolers, regrolers, chandeliers, salatiers, boulangers, bouchers, aubergistes, monnayers, pâtissiers, blanchiers, fabricants de papier, relieurs de livres, cartiers, meuniers, etc.
Les professions étaient très délimitées. Il était défendu d’exercer plus d’une industrie à la fois et, souvent, le même métier se partageait en plusieurs branches.
Ainsi, les grolers qui travaillaient les cuirs neufs étaient distincts de regrolers qui raccomodaient la chaussure et employaient les vieux cuirs. Les tanneurs, les parcheminiers et les blanchiers avaient des droits bien différents. Les barbiers rasaient et pansaient les plaies qui n’étaient point mortelles, tandis que le pansement des plaies qui pouvaient entraîner la mort était réservé aux chirurgiens qui eux, n’avaient point le droit de raser.
Le maître qui passait d’une ville dans une autre était obligé de recommencer l’apprentissage et de demander l’autorisation à la corporation elle-même, autorisation presque toujours refusée par crainte de la concurrence.
Travailler chacun chez soi, chacun pour soi et faire loyalement sa besogne, telle est la formule dans laquelle on peut résumer le régime des corporations.
D’autres métiers de cette époque n’ont pas constitué d’industrie spéciale à la ville de Romans-sur-Isère mais y étaient cependant exercés.
Le spinolier ou épinglier coupait les fils de fer et de cuivre, les affûtait et les garnissait d’une tête. Il faisait ainsi de belles épingles qui attachaient les vêtements des dames. La pauvresse et les paysanne, quant à elles, prirent longtemps leurs épingles sur les grands buissons.
Le fourbisseur fabriquait des épées étroites et courtes, des épées de bataille, des épées longues et plates garnies d’une traverse en fer pour toute garde. Il était tenu d’avoir, outre sa forge, une grande salle d’armes où, bien habillé, il devait recevoir les belles gens qui venaient choisir une épée. Sur le registre des tailles de 1501, figure Loys, maistre de l’épée.
L’arbalétrier pouvait faire des arbalètes de bois aussi bien que des arbalètes d’acier. Toutefois, elles devaient être à quatre ou au moins deux poulies, et de plus être fortes et bonnes, car si l’acheteur en tirant les trois coups d’essai les rompait, l’arbalétrier en était pour ses fournitures, son travail et surtout la honte.
L‘éperonnier fabriquait des éperons qu’il vendait aux bourgeois de Romans-sur-Isère, même à ceux qui n’allaient jamais à cheval.
L’armurier employait tous les métaux pour fabriquer les armures qui devinrent de plus en plus commodes à mesure que le jeu des lames et des charnières se perfectionna. Celles des nobles étaient ornées de damasquinures, de dorures, et leurs boucliers portaient les armoiries avec les couleurs de leur blason.
Le serrurier doublait de fer en dehors et en dedans les portes de la ville, celles des églises, des châteaux et des bourgeois. A mesure que les voleurs devenaient plus ingénieux, le serrurier devenait plus habile. Il construisit alors ces énormes serrures qui se sont conservées jusqu’à nos jours et ces fortes grilles que nous voyons encore aux fenêtres de vieux édifices. Les serrures de bois et même la plus simple cheville de bois continuèrent encore pendant des siècles à clore la porte de l’ouvrier et du laboureur. La dénomination de la rue Saraillerie nous rappelle que cette activité était exercée à Romans.
Le cloutier étirait les barres de fer et fabriquait des clous.
Le maréchal était tenu de connaître la médecine et la chirurgie des chevaux. Les règlements lui interdisaient de ferrer le pied qu’un autre avait paré sous peine d’amende.
Le peyrolier était le chaudronnier de l’époque. La dénomination de la rue Pérollerie nous rappelle que cette activité était exercée à Romans.
Le chapuis fabriquait le bois des bâts (selle pour les bêtes de somme sur laquelle on place leur charge) et le bastier transformait ce bois en selle. Les transports et les voyages se faisaient à dos de cheval ou de mulet. Les chevaux de bât se nommaient rousins ou sommiers d’où nous avons fait “bêtes de somme”. Les chevaux de selle se nommaient haquenées ou palefrois.
Nous trouvons encore les menuisiers, charpentiers, charretiers, muletiers, asniers, les doreurs qui doraient sur métaux au moyen du mercure, et un verrier qui devait probablement vendre des objets en verre car il n’y a aucune trace de la fabrication du verre à Romans-sur-Isère.