L’atelier monétaire
Il n’y a pas eu à Romans-sur-Isère, à aucune époque, un hôtel des monnaies proprement dit, c’est-à-dire un édifice public spécialement affecté à la fabrication des monnaies. Chaque maître particulier, nommé pour une période très variable, plaçait son atelier dans un local convenable possédé ou loué par lui et qui probablement, à cause des dépenses faites pour l’approprier à sa destination, était utilisé successivement par plusieurs directeurs.
Dès que Humbert II fut devenu maître de la ville de Romans-sur-Isère, il ordonna par sa charte de 1342 que l’on ne pourrait plus se servir que de la monnaie delphinale. En conséquence, le 5 mars de cette année, il autorisa Duranton du Pont en société avec Pierre Fabre ou Lefebre, allié aux plus anciennes et aux meilleures familles de la ville, et Sandre Dardayne à frapper de la monnaie à Romans-sur-Isère aux conditions stipulées par son ordonnance. Le 21 juin suivant, Duranton du Pont rendit compte de ce qu’il avait fabriqué du 5 mars au 24 avril. Enfin, le gouverneur, au nom du Dauphin, régla par lettre du 29 octobre 1357, le poids et la loi des monnaies qui seraient frappées à Romans-sur-Isère.
Cette ville devint bientôt un centre de fabrication assez important pour être le siège de l’assemblée où devaient être rédigés et adoptés les statuts et réglements de la corporation des monnoiers du Saint-Empire romain.
En effet, le 3 mai 1342, se tint à Romans-sur-Isère, sous la présidence de Guillaume Vallet, prévôt général, un parlement des monnayeurs du serment de l’empire où se trouvèrent trente et un procureurs ou délégués des dix-neuf ateliers suivants : de Nyons, Vienne, Chambéry, Crémieu, Pont-d’Ain, Avilanne, Romans, Troyes, Martineuf, Puey-Guyon, Orange, Terme, Avignon, La Tronche près Grenoble. On adopta dans cette assemblée les statuts de la corporation en quatre-vingt-quatorze articles. Indépendamment de ce parlement, six autres furent tenus dans la ville de Romans-sur-Isère “en l’ostel des frères meneurs” (Cordeliers), dans le mois de mai 1355, 1368, 1370, 1384, 1390 et 1397.
Adam de Sauze, notaire de Romans-sur-Isère fut chargé de faire une copie sur parchemin de l’ancien registre des douze premières délibérations des parlements généraux, lequel tombait en lambeaux. Ce travail fut adopté par l’assemblée tenue le 10 mai 1393 à Valence “en l’ostel des frères meneurs” sous la présidence de François de Porte Ayguère de la Cité d’Avignon, prévôt général de tous les ouvriers et monnoiers du serment de l’Empire. Lors de la suppression définitive de l’atelier monétaire de Romans-sur-Isère, en 1556, ce dernier registre se trouvait entre les mains de François Delacour, alors prévôt des monnayeurs de cette ville. Après diverses vicissitudes, il a été acquis par la bibliothèque nationale où il existe sous le numéro 9070 du fonds latin.
On y trouve la formule du serment que devaient prêter les monnayeurs : “Ils juraient et promettaient sur les saints Evangiles de Dieu, d’être loyaux et fidèles à N. S. Père le Pape, à l’empereur, au roi de France, au roi de Jérusalem, de Sicile et d’Arles, au Dauphin de Viennois, au comte de Savoie, et à tous les autres princes et barons qui ont pouvoir de faire monnaie.”
Les monnayeurs du Serment de l’Empire formaient une corporation fermée, sorte de caste nobiliaire et héréditaire, dotée par les Empereurs, les Dauphins et les rois de France d’une foule de concessions, de privilèges et de l’exemption de toute espèce de service militaire et de corvée. Sauf les trois cas de meurtre, de rapt et d’incendie, ils n’avaient à répondre de leurs délits que devant leurs prévôts. Mais les maîtres et les officiers de la monnaie ne purent jamais obtenir l’exemption des tailles. Une lettre du mois d’août 1438 du gouverneur de la province ordonna que les monnayeurs de Romans-sur-Isère payeraient la taille pour les réparations des murailles de la ville. Ils protestèrent, mais le Dauphin les obligea aux contributions comme l’avait fait un arrêt du Conseil.
Précédemment Antoine et Pierre Forest dit Coppe, fermiers de la monnaie de Romans-sur-Isère, ayant voulu, à ce titre et comme sauvegarde, mettre sur la porte de leur hôtel les armes du Dauphin, le Chapitre de Saint-Barnard les fit enlever en vertu d’une ordonnance du Juge royal rendue le 25 mai 1425. Enfin par une sorte de transaction avec les Consuls, Pierre Odoard, maître de la monnaie, convint, le 11 juin 1501, que les officiers monétaires paieraient à l’avenir, sous forme de patente, une taille de six florins d’or. Le Dauphin affermait les ateliers monétaires de gré à gré ou après une enchère moyennant une remise sur chaque marc de métal ouvré. mais ces droits ont beaucoup varié, d’un sol dix deniers à dix sols pour un marc d’argent et d’un quart de denier pour un marc d’or, en outre, suivant le prix des métaux. Aussi le commerce de l’or et de l’argent était-il soumis à une réglementation sévère et la nomination des changeurs était-elle faite par l’autorité.
Cependant Humbert II, en 1348, avait pris à sa solde les officiers monétaires. La dépense s’éleva à 325 livres pour l’établissement de Romans-sur-Isère où l’on n’avait ouvré qu’une quantité d’espèces qui avait mis le prince en perte. Aussi cette expérience ne se renouvela pas. A partir de cette époque, la monnaie de Romans-sur-Isère fut ordinairement adjugée à la suite d’une enchère. Le 3 avril 1425, le gouverneur du Dauphiné informa les gardes de la maîtrise de cette ville que la dite monnaie étant vacante, les personnes qui voudraient soumissionner devaient comparaître à Grenoble devant le Conseil des finances.
Les Dauphins et les rois de France en nommant les maîtres de la monnaie de Romans-sur-Isère stipulèrent quelquefois des obligations financières. Pierre et Antoine Forest dit Coppe, déjà nommés, obtinrent leur charge, le 12 mars 1422, à la condition de prêter au Dauphin, avant la fin du mois, 6 000 livres tournois, dont ils devaient se rembourser en prélevant le tiers du seigneuriage jusqu’à extinction de cette somme et des autres engagements dont le régent leur était redevable. Le 30 mai 1439, le roi accorda la moitié de tous les profits des monnaies de Crémieu, de Romans-sur-Isère et de Montélimar, jusqu’à l’entier paiement de leur créance aux frères Jean et Humbert Odoard montant à 559 marcs d’argent.
Gilet Guerre fut autorisé à prélever jusqu’à concurrence de 200 écus d’or qui lui étaient dus la moitié des revenus de l’atelier monétaire de Romans-sur-Isère et de ceux de l’établissement de Montélimar dont il était déjà maître particulier par lettres du Dauphin Louis XI, données à Chalaire près Romans, le 28 septembre 1465. En 1430, le roi tint quitte Girard et Louis, enfants et héritiers de Gilet Guerre, de toutes les sommes dont ils pourraient être débiteurs, à raison de la gestion de leur père.
Le 7 février 1327, le dauphin Guigues VIII avait déclaré que pour son honneur et celui du Dauphiné, il convenait de procéder à la fabrication de florins d’or, de 65 au marc, c’est-à-dire de 3 grammes 41 cent. valant 11 fr. 35 c. C’est la première monnaie d’or frappée en Dauphiné.
Pierre Fabre étant mort sans avoir soumis au souverain le compte final de son administration, ses petits-fils et héritiers, Rodolphe et Ponçon de Chevrières étant devenus maîtres de la monnaie de Romans-sur-Isère, furent, par suite d’une transaction du 21 novembre 1360, déclarés débiteurs de 1 400 florins. Mais le Dauphin leur fit remise de cette somme en reconnaissance des bons et loyaux services à lui rendus comme à ses prédécesseurs. Les frères de Chevrières furent remplacés, en 1362, par Reynier Forest dit Coppe.
Par lettres du 21 novembre 1420, le gouverneur du Dauphiné valida l’acte par lequel Jean de Labarre, trésorier général, et Jean de Mareuil avaient adjugé la monnaie de Romans-sur-Isère à Pierre Fattet, qui avait fait les offres les plus avantageuses. Ce dernier ayant accusé Pierre et Antoine Forest dit Coppe, ses prédécesseurs, d’être détenteurs de 800 marcs d’argent, il y eut un commencement de recherches, mais le régent par une ordonnance du 8 février 1421, annula l’enquête faite contre eux, au sujet de ce déficit.
L’atelier monétaire de Romans-sur-Isère devint bientôt un centre considérable de fabrication. Les rois de France et les gouverneurs du Dauphiné envoyèrent souvent aux agents de cet établissement l’ordre de frapper des espèces d’or, d’argent et de billon très variées, mais toujours conformes aux types usités en France, d’où il résulta que les produits de ces ateliers circulaient dans le royaume avec facilité et en abondance. Au reste par une déclaration faite à Sainte-Colombe en juillet 1343, le roi avait autorisé la circulation en France de la monnaie delphinale. Nous allons rapporter, ci-après, quelques-unes de ces commandes qui rappellent le rôle important départi à l’atelier de Romans-sur-Isère.
Dans l’extrême détresse du trésor, le Dauphin régent afferma à Maret de Betons, habitant de la Rochelle, au prix de 2 160 000 livres tournois, du 1er novembre 1419 au 1er novembre 1420, toutes les monnaies demeurées sous son obéissance. Nous ignorons quelle influence eut pour l’établissement de Romans-sur-Isère cette nouvelle et étrange administration, qui n’eut du reste qu’une très courte durée.
En 1422, la monnaie de Romans-sur-Isère fut chargée de fabriquer des espèces pour une somme équivalente à 3 335 ducats destinés au remboursement des 40 000 écus que Louis de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, avait prêtés au Dauphin.
Les patrons faits, en 1420, par Jacques Vincent, “n’ayant semblés pas plaisants” aux trésoriers de Grenoble, furent renvoyés aux maîtres et gardes de la monnaie de Romans-sur-Isère avec l’indication des modifications à y apporter, entre autre celle de faire figurer un seul Dauphin avec une fleur de lis au-dessus de la tête. Le 4 novembre 1423, ordre du gouverneur au maître et aux ouvriers de la monnaie de Romans-sur-Isère de frapper des deniers d’or fin appelés Francs à cheval, de 80 au marc de Paris.
Le 11 avril 1428, ordre du gouverneur de faire ouvrer des écus d’or de 72 1/2 au marc (11 fr. 14 c.) Le 28 mai suivant, ordre de fabriquer des florins d’or fin de 80 au marc (10 fr 096). Le 28 avril 1429, ordre du roi de faire frapper à Romans-sur-Isère des écus d’or pareils de titre et de poids à ceux qu’on fabriquait en Languedoc, lesquels étaient de 72 au marc (11 fr. 22).
Le 9 mars 1475, ordre de faire ouvrer des deniers d’or fin appelés Réaux, de 76 au marc (10 fr. 63). Le marc d’or devait être payé 77 livres 10 sols tournois et le marc d’argent 7 livres. Le 16 mai suivant, le gouverneur adjugea à noble Pierre Forest dit Coppe, maître de la monnaie de Romans-sur-Isère, et à Gilet Guerre de Beaumont en Royans, la commande des écus d’or et des grands blancs que les ateliers delphinaux devaient ouvrer, d’après l’ordonnance du 28 janvier précédent.
Le 21 mars 1444, injonction de cesser toute fabrication de liards et de les remplacer par des petits blancs. Le 27 novembre 1447, lettres du gouverneur aux gardes et maltres particuliers de la monnaie de Romans-sur-Isère pour leur prescrire de faire ouvrer des écus d’or, des blancs et des petits blancs, et de différer provisoirement la fabrication des gros tournois. Le 11 avril 1448, ordre de frapper des écus d’or aux armes delphinales de 72 1/2 au marc (11 fr. 14), et des demi écus ayant cours, de 141 au marc (5 fr.)
Le règne de François 1er fut l’époque la plus brillante et la plus prospère de l’atelier monétaire de Romans-sur-Isère. Il sortit de cet établissement une grande quantité d’espèces principalement des écus d’or au soleil et des testons d’argent et même un certain nombre de médailles historiques en l’un et l’autre métal. Elles étaient parfaitement gravées aux armes de François 1er et des membres de sa famille, avec leur inscription spéciale et personnelle. Elles furent offertes, de 1533 à 1537, au roi, à la reine, au dauphin, duc de Normandie, au comte de Saint-Pol, gouverneur du Dauphiné, et aux grands personnages de leur suite.
Rappelons à ce sujet, que déjà pendant leur séjour à Romans-sur-Isère, du 27 juin au 1er juillet 1511, le roi Louis XII et la reine sa femme reçurent chacun un cadeau consistant en une tasse d’argent doré qui contenait dix pièces d’or aux armes de ces personnes royales et de la ville de Romans-sur-Isère, où elles avaient été fabriquées. Le point secret ou différent des monnaies ouvrées dans l’atelier de Romans-sur-Isère consistait en un point mis au-dessous de la deuxième lettre de la légende, suivi quelquefois d’un R couronné (médailles de François 1er de 1533 et de 1537). En outre, fréquemment les maîtres particuliers plaçaient sur les pièces qu’ils émettaient l’initiale de leur prénom à la fin de l’exergue, ainsi Jacques Gentet mettait un l, Girard Chastaing un G, (après la lettre R couronnée), Louis Prost un L et un P entrelacés, etc.
Le 9 septembre 1406, les gens des Comptes, le général maître des monnaies et le trésorier général du Dauphiné écrivirent aux officiers de la monnaie de Romans-sur-Isère pour leur ordonner de faire casser et rompre tous les fers des écus d’or et des grands blancs et .de les remplacer par des nouveaux qui porteraient des changements dans les différents, c’est-à-dire un point dans le P de XPS et dans l’0 de NOMEN des pièces d’argent.
Le 16 novembre 1422, le gouverneur prescrivit à Jacques Vincent, graveur de la monnaie de Romans-sur-Isère, de modifier les contresignaux des pièces d’or et de billon en mettant une croix sous la vingtième lettre de l’avers et du revers des pièces d’or et sous la dix-septième des blancs appelés parpeillhioles.
Voici la description d’une pièce de monnaie sortie de l’atelier de Romans-sur-Isère, sous le roi Charles VIII. A. l’écusson écartelé de France et de Dauphiné : KAROLVS * DALFINVS * VIANENSIS * Point secret sous la deuxième lettre de KAROLVS : coeur sous la croisette placée au commencement de la légende. R. croix pattée cantonnée d’une fleur de lis et d’un dauphin. + SIT * NOMEN * DOMINI * BENEDICTVM *.
Vers le XIVè siècle, l’autorité royale exerçait une surveillance sur tous les ateliers monétaires du royaume et un contrôle sur les espèces qu’on y fabriquait, lesquelles devaient être conformes aux ordonnances par le titre et par le poids.
Au mois de juillet 1385, Jean de Mareuil, clerc du receveur général du Dauphiné, porta à Paris les boîtes des monnaies ouvrées à l’atelier de Romans-sur-Isère par Simonet Forest dit Coppe, maître particulier. Le 4 janvier 1422, les généraux maîtres des monnaies ordonnèrent aux gardes de l’atelier de Romans-sur-Isère de clouer toutes les bottes dudit établissement et de les envoyer, closes et scellées par un messager sûr et de faire dorénavant des deniers d’or fin, appelés écus à la Couronne, de 64 au marc (12 fr. 60), dont le différent consisterait à faire long l’O de KAROLVS.
Les boîtes de l’ouvrage fait étaient jugées et contrôlées par les maîtres généraux des monnaies du roi, après quoi, elles étaient rendues à ceux qui les avaient apportées. Plus tard, par ordonnance du 17 mai 1427, il fut stipulé qu’après leur jugement, les deniers de ces boîtes resteraient acquis à la couronne.
Par suite d’une constante tendance à la centralisation, les rois de France voyaient d’un mauvais oeil le grand nombre des établissements monétaires qui existaient dans les provinces. Ils les attaquèrent plus ou moins directement et en supprimèrent quelques uns sous prétexte qu’ils répandaient dans le public des pièces défectueuses et de mauvais aloi, quoique cependant, comme on vient de le voir, leur monayage fut tout à fait sous la surveillance des maîtres généraux de Paris : il y eut même à ce sujet, une transaction le 31 octobre 1481.
Sous l’influence de l’avertissement contenu dans l’ordonnance du mois de février 1435, la ville de Romans-sur-Isère décida, le 16 mars 1508, d’envoyer, à ses frais, un député aux états de la province afin d’obtenir que l’atelier monétaire de cette ville ne soit pas supprimé : “pour ce que la monnaye est un des spéciaux de la dite ville et chose moult honorable et profictable pour icelle.”
En outre, par délibération de l’assemblée générale du 13 février 1510, Humbert Odoard, consul, fut envoyé à Paris pour obtenir la conservation à Romans-sur-Isère de son établissement monétaire qu’il était question de supprimer. Il le fut, en effet un moment, mais presque aussitôt rétabli le 2 janvier 1522, pour une période décennale, après laquelle Durand Milhard, ayant été envoyé à la cour pour les mêmes motifs de conservation, les généraux maîtres émirent l’avis qu’un seul établissement monétaire était suffisant en Dauphiné.
Néanmoins, le 2 janvier 1540, Louis Prost reprit ses fonctions de maître particulier, aux quelles il avait été nommé le 20 novembre 1539. Enfin par un édit de mai 1554, Henri II supprima définitivement l’atelier monétaire de Romans-sur-Isère.
Le 12 avril 1556, les commissaires royaux vinrent dans cette ville et y procédèrent à la clôture de l’établissement, en présence du juge royal et des consuls, de Soffrey Coct, garde, de Jean Chabert, essayeur, et de François Delacour, prévôt. Ils ordonnèrent aux consuls de briser les instruments servant au monnayage et de veiller à ce qu’à l’avenir, il ne se fabriquât plus à Romans-sur-Isère ni pièces d’or, ni pièces d’argent, ni pièces de billon.
En 1558, on fit un inventaire des meubles et des ustensiles trouvés dans la maison de l’ancien garde Soffrey Coct. Il y est mentionné seulement plusieurs trébuchets, des cisailles, des casses à recuire, des marteaux, etc.
Le 9 juin 1562, Odde de Triors se présenta, de la part du baron des Adrets, pour faire convertir en espèces deux cent trente et un marcs d’argent en vingt lingots, provenant des reliquaires de Saint-Antoine et de Saint-Marcellin. Les consuls répondirent que l’atelier monétaire avait été supprimé par ordre du roi, que les fourneaux avaient été démolis et que les matrices étaient impropres au service.
C’est la dernière fois qu’on trouve mentionné dans les registres officiels, après 212 ans d’existence, l’atelier monétaire de Romans-sur-Isère.
Néanmoins, quoique prévue depuis longtemps, la suppression de cet établissement mécontentat beaucoup les romanais qui le regardaient comme une chose très honorable et profitable pour leur ville. Aussi, d’après une tradition, c’est par suite de ce souvenir et de ces regrets ou amour du métier, que des anciens monnayeurs fabriquèrent à Romans-sur-Isère, clandestinement et de loin en loin, des pièces de monnaies, bonnes ou mauvaises, ce qu’on ignore, car elles sont introuvables ou peut-être impossibles à distinguer. Enfin, sous la Première République, dans la rue du Mouton, et sous Louis-Philippe, dans la rue Saunerie, des industriels fondirent simplement des gros sous, – lesquels, malgré leur fabrication aussi grossière qu’illicite, circulèrent publiquement, sous le nom de sous de Romans : dernier et peu flatteur specimen du monnayage dans notre ville.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère ; Ulysse Chevalier, Fragments historiques, 1900
Il se trouve que ce Girard Chastaing est un de mes ancêtres.
article de synthèse intéressant, qui peut susciter l’attention de futurs numismates. Toutefois je me dois d’apporter quelques précisions.
1°) Le different peut-être parfois un Y (Z pour Grenoble).
2°) Sous Charles VIII Le maitre particulier de la Monnaie de Romans est connu puisqu’il a été nommé par lettres patentes (de son père Louis XI), datées de Lyon le 29 mai 1476. Il s’agit de Girard Chastaing dit “Guerre”. Son différent sera un G du côté de l’écu ou de la pille. Par ordre du Parlement de Grenoble en accord avec les gens des comptes (11 janvier 1505) Il devra mettre au lieu de G du côté de la croix cette difference :G:C:
Le 11 juin 1510 par oronnance royale, il est nommé pour 10 ans maitre de la monnaie de la monnaie de Grenoble. (Littere magistri Gerardi Chastigni magistri moneta Gratioanopolitane). cette ordonnance délivrée à Lyon stipule en outre que Girard Chastaing a très bien géré la maitrise de Romans.