Les retours du bonhomme Jacquemart
Ce n’est pas la première fois que le bonhomme Jacquemart descend de sa tour pour être réparé, repeint, voire remplacé.
Voici comment se sont déroulés les retours du bonhomme Jacquemart en 1949, 1967 et 1974.
Le 30 janvier 1949, en une froide soirée, le bonhomme Jacquemart remonta en sa tour d’où il avait été descendu le 7 novembre précédent pour être complètement refait.
Ce jour-là, il s’était levé de bonne heure. A 9 heures 30, encapuchonné et juché sur un camion où MM. Bouquet et Donnadieu montaient une garde bienveillante, il allait visiter en premier la cité Nadi, précédé de la voiture radio de la maison Chiron et escorté des voitures du Comité des Fêtes et du camion chargé de lots.
Les voix tonitruantes de MM. Bouquet et Donnadieu bonimentaient, on pouvait voir le Comité des Fêtes en entier, MM. Blachon, Lanaz, Granger, Glénard, Rochat, Didier, Sallier, Cornède, Guion, Porte, Cuminal, etc. distribuer à l’entourage des enveloppes-surprises.
Sur le chemin qui conduit à la ville, on fit halte au café de Provence où le Comité des Fêtes de Gambetta au complet attendait l’illustre visiteur. On but à la santé du vieux bonhomme et en route pour Saint-Nicolas où le maire de la Commune Libre, M. Grenier, dit quelques mots en patois et Mlle Beaude dérida l’auditoire par une allocution de bienvenue, en patois également.
Après force accolades, le cortège reprit sa marche tandis que M. Cornède accrochait au passage le Préfet de la Drôme qui s’était arrêté pour contempler le spectacle et lui soutirait un billet de 100 francs (environ 3,00 € actuels).
Le cortège visita ensuite successivement la rue Mathieu de la Drôme, la place Maurice Faure, la rue Pêcherie, la place du Puits du Cheval, la rue Clérieux, la rue du faubourg Clérieux, la rue Premier, la rue Victor Boiron, l’avenue Duchesne, le cours Bonnevaux, la place Jean Jaurès, la place Ernest Gailly, la côte des Cordeliers, puis il prit deux heures de repos place Jules Nadi, à midi.
A 14h30, Jacquemart assista sans émotion apparente à la victoire des rugbymen locaux, au stade Guillermoz, puis, lui et sa suite accomplirent une deuxième boucle, poussant leur incursion jusqu’à Bourg-de-Péage et ce fut au pied de sa haute tour que prit fin, à 18 heures, la longue promenade du bonhomme qui, par la voix de Ginolin et la plume de Gaston Bouchet de la Société des Poètes Français, prononça son discours de clôture.
Titré “Discours de Jacquemart avant de remonter en sa tour”, il commençait comme suit :
Salut ! mes chers Amis, Romanais, Péageois,
Et vous, gens d’alentour, citadins, villageois,
Venus nombreux m’offrir vos voeux et vos hommages.
Voyez : des ans je n’ai nulle marque d’outrages.
Je suis heureux et fier d’être tout flambant neuf
En soldat martial du pur “Quatre-vingt-neuf”.
Lire l’intégralité du “Discours de Jacquemart avant de remonter en sa tour” de Gaston Bouchet
Jacquemart dut attendre quelques jours encore avant de reprendre effectivement sa place sur son trône, l’opération de réinstallation au sommet étant longue et difficile.
Le 10 février 1967, un défilé eut lieu en la ville de Romans-sur-Isère pour le retour du bonhomme Jacquemart.
Le Syndicat d’Initiative, présidé par M. Dubernet de Boscq, a rassemblé toutes les bonnes volontés des nombreuses sociétés locales qui prêtèrent leur concours à cette fête populaire particulièrement réussie.
Le 27 mars 1974, dans le courant de l’après-midi, le bonhomme Jacquemart a retrouvé son habitacle en présence de la foule de ses admirateurs. Il en était descendu le 17 octobre précédent pour être totalement restauré à Gagny, en Seine-Saint-Denis.
Mais l’opération n’alla pas sans mal, du fait qu’il s’agissait de monter de la terre ferme, de la place Charles de Gaulle, le célèbre automate à une hauteur assez impressionnante pour ceux qui suivaient l’opération d’en bas. Fort heureusement, les spécialistes de l’entreprise Borel, de Valence, étaient là pour conduire à bien la manoeuvre. Une manoeuvre qui nécessita la présence d’une grue de quarante tonnes, non pas en raison du poids de Jacquemart (180 kg) mais parce que son bec permettait d’arriver à la hauteur du clocher.
C’est à 15h16, très exactement, que Jacquemart toucha la terre promise après une longue heure d’efforts des techniciens chargés de la question.
Mais l’automate ne fut pas encore en état de reprendre son service et il fallu attendre quelques semaines avant que son mécanisme, entièrement refait par un spécialiste de Seine-Saint-Denis, M. Mamias, soit à nouveau au point.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère ; 3 PER 38 – Le Dauphiné Libéré – 30 mars 1974 ; 17 PER 9 – L’Impartial – 11 février 1967 ; 17 PER 15 – L’Impartial – 30 mars 1974 ; 188 PER 3 – Les Allobroges – 26 janvier 1949, 29 janvier 1949 et 31 janvier 1949 ; 11 FLR 53 – Discours de Jacquemart – 30 janvier 1949
Merci pour ce rappel!!!
Josephine