Ces illustres inconnus (3)
Quelques personnalités romanaises sont restées dans les mémoires et les noms de rue. Mais bien d’autres, tout aussi respectables et célèbres en leur temps, sont tombées dans l’oubli. Troisième volet de cette série (voir partie 1 et partie 2).
Jean Antoine Le Vachet, comme il est communément nommé, est né à Romans-sur-Isère, de Gabriel Vachet et Allix Cot, et a été baptisé en la paroisse Saint-Barnard le 20 mai 1601.
Ayant fait ses études chez les Jésuites de Grenoble, un de ses oncles habitant de cette ville voulut lui faire embrasser la profession d’avocat. Mais il s’y refusa, comme aussi refusa-t-il encore de se marier avec une jeune fille de Romans, malgré les instances de ses parents, qui n’arrivèrent ainsi à d’autre résultat qu’à celui de le faire s’enfuir de la maison paternelle.
Il alla à Rome, en mendiant le long de la route, et revint ensuite en France de la même manière. Ses parents n’apprirent que par hasard qu’il était chez les Jésuites de Dijon où, reçu d’abord comme homme de peine et portier, il terminait ses études théologiques.
Son père étant mort peu après, il revint à Romans, vendit tous ses biens, décida sa mère à prendre le voile, et partit pour Paris.
Ordonné prêtre le 3 mars 1635, il fut successivement confesseur des Dames de la Roquette, dans le faubourg Saint-Antoine, sulpicien et prédicateur dans les campagnes, et directeur de l’hôpital et des religieuses hospitalières de Saint-Gervais, en 1646.
En 1661, Anne de Croze ayant fondé un séminaire des soeurs de l’Union Chrétienne pour l’éducation des nouvelles catholiques et des jeunes orphelines, établi à Charonne. Le Vachet en dressa les règlements puis y prit la charge d’instituteur.
Sa vie a été écrite, en 1692, par Monsieur Richard, prêtre, sous le titre “La vie de messire Jean-Antoine Le Vachet, prêtre instituteur des soeurs de l’Union Chrétienne, dédiée au très révérend père de La Chaise, confesseur du roi.”
Nous avons de lui, entres autres ouvrages de piété, “L’exemplaire des enfants de Dieu”, Paris, J. de la Caille, 1653, in-12 ; “La voye de Jésus-Christ, fils unique de Dieu, et de tous les prédestinés ses enfants adoptifs”, Paris, Fr. Muguet, 1666, in-12 ; “L’Artisan chrétien, ou La vie du bon Henry”, Paris, Desprez, 1670, in-12, dans lequel il raconte la vie de Henri-Michel Buche, cordonnier du duché de Luxembourg, qui institua la Société des Frères cordonniers, en 1645, et celle des Frères tailleurs, en 1647.
Le Vachet mourut à Paris, en odeur de sainteté, le 6 février 1681. Il fut inhumé dans l’église paroissiale de Saint-Gervais mais les soeurs de l’Union Chrétienne gardèrent son coeur dans leur chapelle.
Jean Etienne Clément-Lacoste est né le 26 décembre 1773 à Romans-sur-Isère, de Pierre, marchand, et Espérance Jullien, et a été baptisé en la paroisse Saint-Barnard le jour suivant.
Il s’engagea, le 12 août 1792, dans le 9è bataillon de volontaires de la Drôme et fut élu lieutenant par ses camarades à l’unanimité des voix, le 17 novembre suivant. Treize mois plus tard, il était grièvement blessé d’un coup de feu à la mâchoire durant le siège de Toulon, et nommé capitaine adjudant-major, le 12 février 1794. Il passa alors à l’armée des Pyrénées-Orientales et fut de nouveau blessé, cette fois-ci à la jambe droite, lors de la prise de Sant Llorenç de la Muga, en Espagne.
Il fit ensuite partie de l’armée d’Italie, puis de l’armée d’Helvétie et enfin de l’armée d’Orient, avec laquelle il fit les campagnes d’Egypte et de Syrie. A l’assaut de Saint-Jean-d’Acre, le 8 mars 1798, alors qu’il commandait trois compagnies de carabiniers et trois de grenadiers, il reçut encore un coup de feu, et, promu chef de bataillon le 31 octobre 1799, il eut une jambe brisée par un boulet à la bataille du 30 ventôse an IX (21 Mars 1801), devant Alexandrie.
Revenu en France après la capitulation du général Menou le 29 août 1801, Clément-Lacoste devint major au 90è de ligne le 3 décembre 1803, et décoré de la Légion d’honneur le 26 mars suivant. Le 30 mars 1807, il fut nommé colonel du 27è régiment d’infanterie légère, à la tête duquel il fit la campagne de Pologne et repoussa jusqu’à sept fois un ennemi bien supérieur en nombre, le 5 juin de cette même année, en défendant le pont de Spandau.
Le 15 novembre de l’année suivante, il alla en Espagne où il reçut la croix d’officier de la Légion d’Honneur et fut ensuite félicité pour sa belle conduite à la bataille d’Uclès, le 13 janvier 1809. Créé baron de l’Empire, le 29 août 1809, et promu commandeur de la Légion d’Honneur, le 23 janvier 1811, il fut nommé général de brigade, le 30 mai 1813.
Trois mois plus tard, le 4 septembre 1813, il devenait adjudant général dans la garde impériale, grade avec lequel il prit le commandement d’une brigade de la 1ère division de la jeune garde, le 10 décembre de la même année, et c’est en combattant à la tête de cette brigade qu’il fut blessé à la bataille de Craonne, en Picardie, d’un coup de biscaïen (sorte de gros mousquet) à la hanche, dont il mourut, le 27 avril 1814.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère ; Registre des baptêmes et sépultures, paroisse Saint-Barnard, 1545-1678 – Registre des baptêmes et sépultures, paroisse Saint-Barnard, 1769-1777 – Fastes de la légion-d’honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l’histoire législative et réglementaire de l’ordre, Tome 4, par MM. Liévyns, Verdot, Bégat, 1844-1847 – Dictionnaire biographique de la Drôme, par Justin Brun-Durand, 1836 – La vie de messire Jean-Antoine Le Vachet, prêtre, instituteur des soeurs de l’Union Chrétienne, par Monsieur Richard, prêtre, 1692 – Biographie du Dauphiné, contenant l’histoire des hommes nés dans cette province qui se sont fait remarqué dans les lettres, les sciences, les arts, etc., Tome II, par Adolphe Rochas, 1860 – Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 47, Michaud, 1827