Les pistolets de Hippolyte Charles adjugés 64 400 euros
À l’heure où tout le monde parle de l’empereur Napoléon Ier avec la sortie du film à grand spectacle de Ridley Scott, c’est un peu de l’histoire de Romans qui est parti aux enchères, le 19 novembre dernier.
Louis Hippolyte Charles naît à Romans, le 6 juillet 1772, de François Charles, blanchisseur de toiles, et Madeleine Machon. Dès l’âge de 19 ans, il rejoint l’armée française en tant que volontaire et en 1796, il est lieutenant dans un régiment de hussards et aide de camp du général Charles Leclerc, époux de Pauline Bonaparte, qui lui fait rencontrer Joséphine de Beauharnais qui venait d’épouser Napoléon Bonaparte. Selon ses contemporains, Hippolyte Charles était beau garçon et fort drôle. La mémorialiste Laure d’Abrantès disait de Hippolyte Charles : “Il était ce qu’on appelle un drôle de garçon, il faisait rire. Il était impossible de trouver un homme plus comique.” En juin 1796, Joséphine décide de rejoindre Napoléon à Milan, accompagnée de son amant Hippolyte, et les deux amants continuent leur liaison lors de leur retour à Paris. En mars 1798, les deux amants sont dénoncés à Napoléon qui entre dans une grande colère. Joséphine parvient à le convaincre que ces rumeurs sont fausses mais quelques mois plus tard, alors que Napoléon est en Égypte, on l’informe que les infidélités de sa femme avec Hippolyte Charles n’ont pas cessé. Napoléon écrit à son frère Joseph pour lui demander de préparer le divorce mais sa lettre est interceptée par l’amiral Nelson et ne parvient pas à destination. Lorsque Joséphine apprend que Napoléon est rentré en France et qu’il vient de débarquer à Fréjus, elle s’y précipite pour le dissuader de divorcer et elle rompt finalement avec son amant. En 1811, Hippolyte Charles se retire à Génissieux où il achète le château Messance. Il y meurt le 8 mars 1837 et l’on dit qu’il est inhumé dans le calvaire des Récollets à Romans.
La tradition familiale veut que le coffret de pistolets mis en vente par la maison Osenat aurait été donné par Joséphine à son amant. Un dénommé Charles Marchal l’a acheté chez les descendants de Hippolyte Charles puis il a rejoint la collection Jean-Louis Noisiez qui était en vente à Fontainebleau, le 19 novembre dernier.
Le coffret est en chêne, gainé à l’intérieur de drap vert rehaussé d’un fin galon de fils d’argent en bordure. Il contient une magnifique paire de pistolets à silex. Signés “Boutet Directeur Artiste”, “Manufacture à Versailles”, les canons sont à pans et légèrement tromblonnés aux bouches, avec points de mire en argent. Les queues de culasse sont finement gravées, et les chiens col de cygne à corps plats joliment sont gravés de frises et d’un guillochage. Les détentes sont réglables, les garnitures sont en fer, découpées, ciselées, gravées et à décor d’urnes feuillagées, frises et enroulements. Les accessoires sont composés d’un marteau, d’uun maillet, d’uun tournevis, de trois baguettes (de bourrage, de nettoyage et faisant dosette). Toutes ces pièces sont en buis. Il y a aussi une poire à poudre, un moule à balles en acier poli, une baguette de nettoyage en “T” en métal, un huilier, et un embout en laiton.
Estimé entre 35 000 et 45 000 euros, le coffret a été adjugé à 64 400 euros.
Ainsi, avec ce magnifique et remarquable coffret, c’est bien un peu de l’histoire de Romans qui a été vendue.
Cet article de Romans Historique est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2023/12/02/les-pistolets-de-l-amant-de-josephine-de-beauharnais-adjuges-64-400-euros