Les Fêtes d’aviation de juin 1911
Le 4 juin prochain, l’Aéro-Club de Romans-sur-Isère nous donne rendez-vous pour fêter le centenaire des premières “Fêtes d’aviation” de juin 1911.
L’occasion de revenir sur ces fêtes telles qu’elles ont été rapportées, à l’époque, par l’Almanach du Bonhomme Jacquemart :
“Rentrant d’un voyage au lendemain des fêtes de Pentecôte, le “Bonhomme Jacquemart” est abordé, le soir, à Valence par un Monsieur inconnu qui lui demande s’il serait possible d’organiser des fêtes d’aviation à Romans-sur-Isère.
C’est l’agent d’un syndicat d’aviateurs, qui consent à prendre le train pour notre ville où, sans désemparer, le projet est soumis à la Municipalité qui l’approuve. Un comité se forme, sous la présidence de M. Argod-Mossant, avec MM. A. Tatin, premier adjoint au maire de Romans-sur-Isère, et Gustave Changeat, premier adjoint au maire de Bourg-de-Péage comme vice-présidents.
En moins d’une semaine, au grand ébahissement des villes voisines qui l’étudient depuis des mois sans parvenir à la réaliser, l’organisation est sur pied. M. Dorne, architecte-voyer, transforme le champ de manoeuvre des Bérauds en un incomparable aérodrome. M. Louis Vinay, secrétaire, M. Charles Morel, trésorier, contribuent largement à cette organisation, pour laquelle le président paie de son temps, de son argent et de sa personne.
Le succès des trois journées 17-18-19 juin est colossal. Des milliers et des milliers de spectateurs accourent de toutes parts et sont enthousiasmés par les vols audacieux des pilotes Liger, sur monoplan Vinet, et Obre, sur monoplan Blériot. A certains moments, tandis que les aviateurs évoluent et quand ils atterrissent, c’est du délire.
La satisfaction est immense. Au banquet offert par M. Argod-Mossant aux pilotes et à ses collaborateurs, M. le docteur Gailly, maire de Romans-sur-Isère, déclare : “Je ne crois pas que jamais nos deux villes aient eu des fêtes aussi grandioses dans un cadre aussi beau.” M. Pirraud, maire et conseiller général de Bourg-de-Péage, adresse “au sympathique et généreux président les félicitations unanimes des populations romanaise et péageoise, et des nombreux étrangers venus pour assister à ces fêtes qui laisseront dans la mémoire de tous les spectateurs une profonde impression”. Et M. Argod-Mossant conclut au milieu d’une ovation chaleureuse et discrète : “Comme l’aéroplane qui s’élève serein au-dessus des nuages et loin des bruits de la terre, nous avons plané pendant ces trois jours dans une atmosphère de rêve, d’apaisement et de camaraderie.”
Les pauvres profitent largement de ces fètes dont l’enchantement fut merveilleux et qui demeureront inoubliables : une somme de 1 300 francs (4 762,95 € actuels) est répartie entre les bureaux de bienfaisance des deux villes-soeurs.”
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, Almanach du Bonhomme Jacquemart, 1912