Le monastère de Sainte-Ursule de Romans
Entre temps, Jeanne Michel, fondatrice du monastère de Sainte-Ursule de Romans, mourut le 21 janvier 1639, à l’âge de cinquante-et-un ans.
Le 8 novembre 1639, le monastère reçut de mademoiselle de Loulle, la somme de 31 livres et 5 sols pour Anne des Rues dite soeur Anne de sainte Marie et la somme de 60 livres pour Anne Savoye dite soeur Anne de saint Joseph, par acte reçu par maître Reymond, notaire.
Les religieuses Ursulines tenant à s’accroître, par les bienfaits et la charité du peuple, pensèrent choisir et bâtir un lieu mieux agencé et propre que celui qu’elles occupaient depuis leur commencement. Lequel lieu était d’une figure irrégulière et presque triangulaire, forme extraordinaire et inusitée pour des églises et chapelles, et enfoncé en terre, et au-dessus du canal des eaux des fontaines publiques et pluviales et de la plupart des immondices de la ville. De sorte que le couvent n’était jamais sans religieuses malades, étant obligées soit pour le divin service ou pour les méditations et instructions de jeunes filles à la doctrine chrétienne, de faire leur principal et plus long séjour en la chapelle, laquelle, entre toutes ces incommodités, se trouvait voisine d’une grande rue et de la place de l’auditoire de justice de la ville, aussi appelée place des Clercs (à l’emplacement de l’actuelle place aux Herbes), dont les bruit et tintamarre ordinaires qui s’y faisaient étaient cause de trouble. Les soeurs avaient espéré remédier à ces incommodités mais leurs maisons aboutissant à des confins, il ne leur était pas possible de s’étendre à moins de faire acquisition d’un vieux chasal de chapelle abattue depuis l’année 1567, attenant à leur maison, d’une longueur d’environ quinze pas et de cinq de largeur, et à laquelle il n’avait jamais été fait aucun service depuis ce temps.
Second monastère
1° Le 11 janvier 1646, elles achetèrent trois maisons contiguës, avec cour et jardin, de Jacques Coste, conseiller du roi au parlement du Dauphiné, pour y faire leur monastère et ce pour le prix de 22 500 livres et 300 livres d’étrenne, par acte reçu par maîtres Cogne et Guillaud, notaires. Le contrat de vente stipulait que les religieuses s’acquitteraient immédiatement de la somme de 7 500 livres puis des 15 000 livres restantes sur trois années. Le contrat fut presque parfaitement respecté car nous trouvons trace de trois quittances notariées, d’une valeur de 5 000 livres chacune, en faveur du dit Jacques Coste : la première datée du 6 mai 1647, la deuxième datée du 5 mai 1648 et la troisième datée du 15 juillet 1650,
2° Le 26 octobre 1646, elles achetèrent la maison d’Antoine Rebatet, par acte reçu par maître Guillaud, notaire, pour servir d’infirmerie pour les malades et moribonds,
3° Par actes passés en 1647 et 1648, elles achetèrent la maison et jardin de Sébastien Gavon,
4° Le 5 février 1650, elles achetèrent la maison de madame de Lesseins, par acte reçu par maître Guillaud, notaire, pour servir tant pour le noviciat des religieuses que pour les classes où étaient enseignées les jeunes filles suivant leur constitution.
Ces maisons étaient situées en haut de la montée des Cordeliers (à l’emplacement de l’actuelle côte Sainte-Ursule). La maison de Sébastien Gavon occupait tout le long de la partie sud et les autres maisons, la partie nord.
Au mois de mars 1650, elles obtinrent du roi des lettres patentes pour l’amortissement des dites maisons, en présence de la reine régente, lesquelles furent enregistrées en la Chambre des comptes du Dauphiné le 11 août 1650.
Dans les années qui suivirent, leur situation devint plus confortable et elles firent plusieurs acquisitions :
1° Une petite métairie située au mandement de Peyrins, de Vincent Pipon dit Moyard, pour le prix de 3 300 livres, par acte reçu par maître Guillaud, notaire, le 7 juin 1651,
2° Un pré, d’Ennemonde Teste, pour le prix de 700 livres, par acte reçu par maître Guillaud, notaire, le 13 janvier 1653,
3° Un domaine situé aux Balmes, de demoiselle Marie Servonnet, pour le prix de 7 000 livres, par acte reçu par maître Guillaud, notaire, le 15 février 1653,
4° Environ quatorze sétérées de terre, pour le prix de 987 livres, par trois contrats d’acquisition reçus par maître Guillaud, notaire, les 4 mars 1655, 18 décembre 1655 et 1er mars 1656.
Tous ces fonds et domaines furent entièrement payés, rapportaient annuellement environ 2 000 livres au monastère et étaient assujettis à la taille.
Une institution charitable pour l’éducation des pauvres filles orphelines, fondée en mars 1638 par Hélène Tardy et Renée du Peloux sous le nom de Notre-Dame de Pitié et usuellement dénommée Séminaire des Orphelines, était située au-delà du pont de la Presle, entre le bord de l’Isère et la rue de Chapelier (aujourd’hui, bas de la côte des Chapeliers).
Les filles conduisant cette maison étant décédées, Hélène Tardy, par un acte du 15 mars 1663, augmenta la fondation pour l’entretien de deux religieuses Ursulines qui furent mises à la tête de l’établissement.
C’est ainsi que le 5 mai 1663, soeur Françoise de la Trinité Dalivet et soeur Angélique de saint Joseph Bernard, déclarèrent que “nommées avec la permission de Monseigneur l’archevêque pour avoir soin de l’éducation et de la direction des pauvres filles orphelines dans le séminaire, ensuite de la fondation faite à cette fin de la demoiselle Hélène Tardy, veuve de monsieur de Loulle”, elles confessaient “avoir reçu de la dite demoiselle la somme de cinquante livres pour notre entretien de trois mois qui commence ce jourd’hui que nous sommes entrées au dit séminaire.”
Du vivant d’Hélène Tardy, les religieuses nommées à la tête de cet établissement furent successivement :
1° Soeur Marie de sainte Mathilde de Villemoisson, nommée le 5 mai 1664 en remplacement de soeur Françoise de la Trinité Dalivet,
2° Soeur Hélène de saint André Gondoin, nommée le 5 août 1665 en remplacement de soeur Angélique de saint Joseph Bernard,
3° Soeur Angèle de saint Dominique Charavit, nommée le 5 août 1666 en remplacement de soeur Marie de sainte Mathilde de Villemoisson,
4° Soeur Marguerite des onze mille Vierges Michelard, nommée le 5 mai 1668 en remplacement de soeur Angèle de saint Dominique Charavit,
5° Soeur Anne de saint Joseph Savoye, nommée le 5 mai 1671 en remplacement de soeur Marguerite des onze mille Vierges Michelard,
6° Soeur Marie de saint Joachim de Chastelard, nommée le 5 février 1674 en remplacement de soeur Anne de saint Joseph Savoye.
7° Soeur Françoise de sainte Cécile Merlin, nommée le 5 novembre 1676 en remplacement de soeur Marie de saint Joachim de Chastelard.
Entre temps, Angèle Michel, fondatrice du monastère de Sainte-Ursule de Romans, mourut le 12 novembre 1665, à l’âge de soixante-douze ans, après avoir été supérieure pendant vingt-neuf ans.
Par acte reçu par maître Guillaud, notaire, le 21 août 1666, les religieuses de Sainte-Ursule passèrent contrat de location à Jean Blache dit Baron, pour le prix de 75 livres, pour la maison et vigne d’environ trois ou quatre sétérées qu’elles possédaient au bourg du Péage de Pisançon et qui avaient été données à Jeanne et Angèle Michel par testament d’Antoine Faresse le 5 juin 1603.
En 1667, l’état des dépenses du monastère s’établissait comme suit :
1° Pour l’entretien de la sacristie, luminaire ou ornements, et autres dépenses nécessaires, 200 livres,
2° Pour le confesseur et aumônier, 120 livres,
3° Pour le service des malades, pour le médecin chirurgien et pour les drogues d’apothicaire, 400 livres,
4° Pour l’entretien et gages de deux servantes, 200 livres,
5° Pour les réparations qui se font annuellement pour l’entretien des maisons et pour les granges, 300 livres.
Il est à remarquer que le monastère n’étant pas bâti régulièrement, il y avait des réparations fort considérables à faire et principalement une église, l’existante étant petite et incommode.
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