Jean-Yves Baxter Lire →

Le monastère de Sainte-Ursule de Romans

Le 7 février de la même année, la supérieure et les religieuses du monastère et collège de Sainte-Ursule déclarèrent à Messieurs du Directoire du district de Romans que leurs revenus consistaient :

1° En 521 livres, produit d’un fonds dénommé champ de la Gaye, fait valoir par des gens de journée,
2° En 4 575 livres, produit du domaine dénommé Chalaire, affermé à François Vernet, par le bail du 4 mars 1789,
3° En 753 livres, produit du domaine dénommé Charbesse, affermé à Michel Pain, le 3 avril 1788,
4° En 3 393 livres, produit du domaine dénommé Servonnet, donné à mi-fruits à François Richard, suivant le bail du 23 avril 1788,
5° En 1 803 livres, produit du domaine appelé Chanteloube, affermé à Jean-Pierre Perreton, par le bail du 14 juillet 1786,
6° En 469 livres, produit du domaine dénommé Racamey, tenu à mi-fruits par Pierre Plantier, suivant le bail du 26 mai 1785,
7° En 882 livres, produit des deux terriers de cens et pensions, affermés à Antoine-Charles Silvestre, par bail du 30 août 1788,
8° En 48 livres, produit d’une vigne faite exploitée à journée,
9° En 124 livres, produit des vignes données à planter à quart, situées à Alixan et à Peyrins, à divers particuliers, y compris quatre voitures de sarments de vignes et treilles,
10° En 566 livres, produit des rentes constituées et intérêts par le corps des notaires de Romans, par M. de Peyrins et par le sieur Perrochet, annuellement,
11° En 136 livres, 18 sols et 10 deniers, produit d’une rente annuelle sur l’État du Roi,
12° En 24 livres, produit d’une petite maison à Romans, tenue en loyer par Jacques Guillot, suivant le bail du 15 juillet 1787,
13° En 28 livres, produit d’une autre petite maison, tenue en loyer par Étienne Chagriot, suivant le bail du 9 juillet 1786.

Total des dits revenus : 13 322 livres, 18 sols et 10 deniers.

Par la même déclaration, les charges étaient énoncées comme suit :

1° Il est dû à la demoiselle Michon la rente annuelle et viagère de 200 livres, suivant l’acte reçu par maître François, notaire, le 17 novembre 1769, et comme la dite rente sera éteinte au décès de la dite demoiselle Michon, et qu’alors la nation ne sera plus tenue de l’acquitter, elle ne doit être portée ici que pour 100 livres,
2° Il est dû à la dame Fiard sainte Angèle, religieuse au dit monastère, ma rente annuelle et viagère établie suivant l’acte privé du 2 avril 1754, de 50 livres, portée ici par les raisons ci-dessus, à 25 livres,
3° Il est dû à soeur de saint Alexis Brichet, soeur converse au dit monastère, la rente annuelle et viagère de 20 livres, par écriture privée du 27 mars 1775, portée ici pour les mêmes raisons, à 10 livres,
4° Il est dû à la dame Robin saint Clément, religieuse au dit monastère, la rente annuelle et viagère de 64 livres, par écriture privée du 17 juillet 1781, réduite ici pour les mêmes motifs, à 32 livres,
5° Il est dû à la demoiselle Duc veuve Reynier, la rente constituée de 40 livres, suivant l’acte reçu par maître François, le 5 octobre 1767,
6° Il est dû à la Congrégation de Saint-Dominique, par acte devant le même notaire, du 15 juillet 1769, la rente constituée de 12 livres,
7° Il est dû au monastère de la Visitation Sainte-Marie de Vienne, la rente constituée de 320 livres, suivant l’acte du 18 octobre 1777,
8° Il est dû à la dame Charbonnel Faure, la rente constituée de 13 livres et 10 sols, par écriture privée du 12 février 1789,
9° Il est dû à M. Jomaron de Monchoreil, la rente constituée de 135 livres et dix sols, par écriture privée du 3 avril 1779,
10° Il est dû à l’hôpital général de Romans, représentant les demoiselles Fayolle et Chatelard, la rente constituée de 20 livres, par acte reçu par le dit maître François, le 26 novembre 1768,
11° Il est dû à la demoiselle Marcoux, la rente constituée de 67 livres et 10 sols, par acte privé du 22 mars 1785,
12° Il est dû au sieur Paquier, la rente constituée de 55 livres, par acte privé du 22 mars 1785,
13° Il est dû à demoiselle Claudine Jassoud, la rente constituée de 135 livres, par acte devant le dit maître François, du 11 juin 1786,
14° Il est dû à l’hôpital Sainte-Foy et Hôtel-Dieu de Romans, la rente constituée de 100 livres, par acte devant le même notaire, du 27 décembre 1789,
15° Pour l’entretien et réparations des domaines qui dépendaient du dit monastère, 120 livres,
16° Pour l’entretien et réparations des bâtiments du monastère, 125 livres,
17° Pour l’entretien de l’église et sacristie, 150 livres,
18° Pour l’aumônier, 300 livres,

Total des dites charges : 1 759 livres et 20 sols

Cette déclaration mentionnait que quoique les religieuses aient porté dans les charges, l’entretien des bâtiments du monastère, de l’église, de la sacristie et de l’aumônier, elles priaient Messieurs du Directoire du district de Romans de bien vouloir retrancher ces objets des dites charges, attendu qu’elles seraient tenues de les supporter sur leur traitement.

Le 13 février 1791, le Conseil municipal estima qu’il était nécessaire de pratiquer des issues pour favoriser l’accès à la promenade publique de la vigne attenante à la maison commune (aujourd’hui, parties de la place du 75è Régiment d’Infanterie et de la place du Champ de Mars). Pour cela, il fut proposé de pratiquer une rue dans la cour des dames de Sainte-Ursule, entre les deux pavillons qui forment leurs bâtiments (cette future rue, aujourd’hui appelée côte Sainte-Ursule, était alors la cour du monastère, murée en haut et en bas de la dite actuelle côte). Comme cette rue, loin de détériorer les dits bâtiments, leur donnerait au contraire une grande valeur en les divisant et en les plaçant dans un quartier qui serait plus fréquenté, le Conseil municipal jugea qu’il obtiendrait sans peine cette petite étendue de terrain national sur lequel devrait passer la dite rue, dès que la maison de Sainte-Ursule deviendrait vacante ou que les dames Ursulines voudraient y consentir.

Dix jours plus tard, le 23 février, par devant Pierre Antelme, officier municipal de la ville de Romans, dans la salle du chapitre du monastère où se trouvaient assemblées vingt-trois religieuses votantes à l’effet d’élire une supérieure et une économe, pour deux ans, conformément à l’article vingt-six du titre deux de la loi concernant les religieux, il fut procédé à un premier scrutin pour l’élection de la supérieure par le résultat duquel soeur Françoise de saint Marcellin Ruel fut élue à la presque unanimité. Les dames religieuses firent de suite un second scrutin pour l’élection d’une économe et soeur Jeanne de saint Henri Fière réunit beaucoup au-delà de la majorité des suffrages.

Dans un courrier adressé au Directoire du département de la Drôme (ce courrier n’était pas daté mais il fut transmis au Directoire du district de Romans le 15 juin 1791), les dames Ursulines exposèrent qu’elles recouraient à la justice de ces Messieurs pour fixer leur traitement relativement à leurs revenus, à leurs besoins, et eut égard aux biens considérables qu’elles cédaient à la nation.

En préjugeant que les revenus du monastère n’étaient que de 9 512 livres, il n’avait été déterminé provisoirement à chaque religieuse de choeur qu’un traitement de 328 livres et à chaque soeur converse, de 164 livres.

Les exposantes déclaraient que les revenus réels du monastère étaient de 20 852 livres, 18 sols et 10 deniers, et espéraient qu’il soit accordé 557 livres, 4 sols et 6 deniers à chaque religieuse de choeur, et 278 livres 12 sols et 3 deniers à chaque soeur converse.

Dans la déclaration qu’elles remirent au Directoire du district de Romans le 7 février, elles n’avaient porté leurs revenus, en treize articles, qu’à 13 322 livres, 18 sols et 10 deniers mais avaient fait omission de plusieurs articles importants.

En premier lieu, d’une somme de 1 747 livres pour bois de chauffage, fagots et autres objets que leur procuraient leurs domaines pour le service et l’usage de trente-cinq religieuses ou soeurs, et pour autant de pensionnaires. Elles recevaient en effet journellement, de leurs domaines, les volailles, les oeufs, les fruits, le jardinage, les légumes et les bois de toise nécessaires pour la consommation de plus de soixante-dix personnes. C’était par leurs voitures que leurs linges étaient transportés aux lessives. Pendant l’hiver, les domestiques venaient fendre et ranger leur bois de chauffage.

En second lieu, les religieuses, en faisant profession dans la maison de Sainte-Ursule, y avaient apporté des dots considérables dont les unes ont été jusqu’à 7 000 livres, les autres 6 000 livres, 5 000 livres et 3 000 livres, et comme elles en avaient reçu au moins une pour deux années, il en résultait une recette annuelle au moins de 2 000 livres qui formait partie de leurs revenus, puisque l’emploi en était fait aux dépenses de leur nourriture et entretien.

   

Pages : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49

Publier un commentaire