Le calvaire des Récollets vers 1820
En plein cœur de l’été, un antiquaire allemand a mis en vente une collection de plusieurs dizaines de dessins originaux du début du XIXe siècle représentant des vues de villes de France. Parmi ceux-ci, des dessins concernant la ville de Romans jamais vus jusqu’à présent dans notre cité. Cette série de quatre épisodes vous propose de les découvrir.
Nous connaissions déjà le calvaire des Récollets dans un état ruiné après la Révolution française par la gravure publiée par Abel Hugo dans la “France pittoresque” en 1835, mais ce dessin inédit est beaucoup plus brut et nerveux, et surtout, il ne comporte pas les éléments “folkloriques” de la gravure comme les petits personnages semblant poser au bon moment.
À la fin de l’année 1515, un marchand pieux de Romans, Romanet Boffin dit Richard, en voyage d’affaires à Fribourg (Suisse), a l’occasion d’y voir un chemin de croix.
Il en prend fidèlement le plan et la distance des sept piliers, et décide d’en édifier un dans sa ville natale.
Le chemin de croix et le calvaire de Romans sont fondés en 1516 mais peu de temps après, pendant les Guerres de religion, ils sont saccagés par les protestants.
En 1583, sous l’impulsion de Félicien Boffin, fils du fondateur Romanet Boffin, et avec l’arrivée des frères Récollets, le chemin de croix et le calvaire renaissent de leurs cendres. Les Frères mineurs Récollets appartenaient à un mouvement de réforme des Franciscains, l’ordre religieux inspiré par saint François d’Assise, et aspiraient à un plus grand recueillement. Ils quittèrent le couvent de Romans au début de la Révolution française.
Le calvaire des Récollets est alors à nouveau ruiné : les trois croix et les chapelles sont détruites par les révolutionnaires. Plus rien ne subsiste. C’est cette vue qui nous est proposée sur le dessin présenté ici. Le calvaire ayant été reconstruit à partir des années 1820, il est ainsi possible de dater ce dessin sans se tromper.
En 1517, peu après la fondation du calvaire des Récollets, un miracle s’est produit et a été authentifié par Jehan du Boys, notaire, qui l’a transcrit comme suit. Henri Vincent, habitant de Moirans, est arrivé avec sa femme, son fils âgé de deux ans et sa nourrice pour rendre grâces à Dieu et à la dévote croix du Mont-Calvaire de Romans d’un beau et excellent miracle que notre Seigneur avait fait sur le dit enfant. Un jour, son fils tomba malade et on le tint pour mort. Des religieux lui avaient fait le signe de la croix et l’enfant fut couvert d’un linceul. On fit faire la fosse de l’enfant. Soudainement, le père se souvint qu’il avait ouï dire que la croix qu’on avait érigé au Mont-Calvaire de Romans faisait de grands miracles à ceux qui s’y rendent de bon cœur. Il fit prière à Dieu que pour le mérite de sa douloureuse passion, il lui plut de rendre santé et vie corporelle à son fils. Quelques heures plus tard, l’enfant revint en convalescence et bonne santé.
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/09/28/le-calvaire-des-recollets-vers-1820