La fenêtre “Renaissance” du Crédit Lyonnais (LCL), place Maurice Faure
Vous avez peut-être déjà remarqué cette fenêtre “Renaissance”, restaurée et bien mise en valeur, sur la façade sud du Crédit Lyonnais de la place Maurice Faure (façade donnant sur la place aux Herbes).
Voici comment le journal Le Progrès rapportait sa découverte dans son édition du 20 novembre 1953, dans un article très intéressant, écrit dans un style qu’on ne rencontre plus guère dans les journaux d’aujourd’hui et titré “Les surprises des grattages” :
“Il y a, dans chaque agglomération un peu importante, une très intéressante monographie à faire sur l’histoire des façades.
Pareil travail existe sans doute dans telle ou telle ville. Nous n’en connaissons pas à Romans-sur-Isère ou à Bourg-de-Péage.
Au cours des siècles, le visage des maisons a changé maintes fois, soit qu’on l’ait recouvert de couches de peinture ou d’enduit, soit qu’une utilisation différente de l’immeuble ait suscité une physionomie toute autre.
Cet été, nous évoquions dans ces colonnes cette vieille pharmacie (probablement la plus ancienne de Romans-sur-Isère) qui, rue de l’Armillerie, est devenue atelier de cordonnerie.
Dernièrement, on refaisait la devanture d’une charcuterie, rue Jacquemart. Alors, on découvrit une autre enseigne : “Restaurant”.
Ces deux exemples suffisent à démontrer l’intérêt d’une investigation importante qui apporterait, il n’en faut pas douter, de nombreuses surprises.
Les ouvriers de l’entreprise Valette et Mommée, qui travaillent à la restauration de l’immeuble occupé par le Crédit Lyonnais, ont mis à jour, sur la façade regardant place aux Herbes, une délicieuse fenêtre Renaissance. La baie est double, avec trois fines colonnettes surmontées d’un chapiteau. L’ouverture a été, jadis, bouchée par des briques posées à plat, puis le tout fut crépi. Il semble qu’il y aurait là des vestiges de l’ancienne chapelle abbatiale. Le repiquage n’est pas achevé. Découvrira-t’on encore une autre fenêtre ? L’avenir prochain nous le dira.
C’est M. Bouvier, président du Syndicat d’initiative et archéologue, qui nous a signalé le fait. Il avait déjà pris contact avec MM. Valette et Mommée qui, très objectivement, avaient abondé dans l’idée de conserver et de mettre en valeur ce vestige des temps passés.
Ils y avaient d’ailleurs déjà pensé et M. Brunel, le distingué architecte de Valence qui dirige les travaux, nous a très obligeamment donné son opinion d’homme de l’art.
Ce n’est peut-être pas une découverte sensationnelle mais elle a sa valeur certaine. M. Brunel pense donc que le grattage minutieux permettra de faire ressortir les chapiteaux.
Ils ont subi, hélas ! un dur outrage des ans. De plus, on essaiera de donner plus de relief à l’encadrement de la fenêtre, peut-être en diminuant d’épaisseur la cloison de briques qui la bouche.
On le voit, le travail à effectuer ne manque pas d’être délicat.
On ne saurait trop féliciter MM. Brunel, Valette et Mommée, ainsi que l’administration du Crédit Lyonnais, qui a donné son plein accord à cette restauration.
Il y a là un apport au patrimoine historique de Romans-sur-Isère et l’expression du respect dû aux vestiges des siècles passés.
C’est, en plus, un très bel exemple.”
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère ; 72 PER 8 – Le Progrès – 12 octobre-20 novembre 1953