Joseph Pélerin, romanais condamné à la déportation suite aux Journées de juin 1848
Du 22 au 26 juin 1848, le peuple de Paris se révolte pour protester contre la fermeture des Ateliers nationaux.
Ceux-ci avaient été créés suite à la Révolution de février 1848, par le ministère des Travaux publics, pour employer les ouvriers et artisans des grandes villes en chômage forcé. L’Etat entendait ainsi fournir, organiser et financer le travail, et payer, voire soigner les ouvriers.
Affectés le plus souvent sur divers chantiers publics, les travailleurs, par ailleurs membres de la Garde nationale, sont regroupés militairement en escouades, brigades et compagnies. Mais le nombre de demandeurs ne cesse de croître.
Dès le mois d’avril, plus de 100 000 inscrits sont ainsi pris en charge, alors que le nombre de chantiers ne suffit plus à leur fournir du travail.
La victoire des républicains conservateurs ou modérés aux élections de l’Assemblée constituante du 23 avril précipite la dissolution des Ateliers nationaux, jugés inefficaces, coûteux et dangereux.
Prononcée le 21 juin, elle provoque des révoltes ouvrières et populaires, à Paris, du 22 au 26 juin, que le général Louis Eugène Cavaignac réprime dans le sang.
Le nombre d’insurgés tués pendant les combats est estimé entre 3 000 et 5 000 personnes auxquelles s’ajoutent environ 1 500 fusillés sans jugement, 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la prison ou à la transportation (déportation) en Algérie.
Parmi les condamnés à la transportation, un romanais. Et c’est le seul.
Joseph Pélerin est né à Romans-sur-Isère, le 18 novembre 1820, de Joseph Pélerin, âgé de trente ans, journalier, et de Marguerite Thérèse Falavier.
Au moment de la révolte populaire, il est domicilié 28 rue Saint-Sébastien, dans le quartier Popincourt, 8è arrondissement de Paris, et exerce la profession de serrurier (celui qui fabrique des ouvrages en fer forgé pour les habitations, le gros œuvre des bâtiments, les ponts, etc.)
Il est arrêté le 25 juin 1848 et, le 3 août de la même année, la Commission militaire n° 7 le condamne à la transportation.
La nuit du 17 août 1848, il est emmené au Havre puis il sera détenu au fort du Hommet, à Cherbourg, dans l’attente de sa transportation.
Mais le 8 novembre 1849, à sept heures du soir, il meurt à l’hôpital de la Marine sis rue de l’Abbaye, à Cherbourg.
Il obtiendra une grâce posthume le 7 janvier 1850.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, E37, Registre des naissances, 1820 – Archives départementales de la Manche, 5 Mi 657, Registre des décès, 1849 – Service historique de la Défense, 4552/6 J 61 – Archives Nationales, F/7/2585 – Centre Georges Chevrier (Université de Bourgogne/CNRS), Jean-Claude Farcy – Illustration : Horace Vernet, “Combats dans la rue de Soufflot à Paris, le 25 juin 1848 “, vers 1848/1849, Berlin, Deutsches Historisches Museum