En 1642, le roi de France donne les terres de Romans au prince de Monaco
Dans le cadre du Traité de Péronne, signé le 14 septembre 1641, entre le roi de France, Louis XIII, et le prince de Monaco, Honoré II Grimaldi, la principauté de Monaco est placée sous le protectorat de la France et perd, de ce fait, ses terres espagnoles, dans le royaume de Naples, et leurs revenus.
En compensation, le roi Louis XIII lui donna le duché de Valentinois, le marquisat des Baux, le comté de Carladès, les baronnies de Calvinet, du Buis et la seigneurie de Saint-Rémy-de-Provence. Cela fut matérialisé au moyen de lettres patentes remises à Saint-Germain-en-Laye, en février 1642.
Honoré II Grimaldi devint ainsi prince de Monaco, duc de Valentinois, marquis des Baux, comte de Carladès, baron de Calvinet et du Buis, seigneur de Saint-Rémy.
La cession du Valentinois au prince de Monaco fit passer Romans-sur-Isère, Valence, Chabeuil, Montélimar, Crest, etc., sous la dépendance de la famille de Grimaldi, sans en entraîner la souveraineté ni la juridiction politique.
Le duché de Valentinois continua à relever du domaine de la couronne et l’acte de Louis XIII ne porta aucune atteinte à son organisation intérieure, et passa inaperçu pour les habitants.
Extraits des lettres patentes de Louis XIII :
“Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, en réunissant les coeurs de nos sujets sous une égale obéissance qui a produit le repos dont la France jouit au dedans depuis quelques années, nous avons cru être obligé de porter nos pensées au dehors pour assister nos amis et alliés, et essayer de les faire jouir aussi, en toute la chrétienté, d’un bien si précieux.
C’est pour cet effet que nous employons nos armes dans l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie, où nous avons agi avec tant de justice et de sûreté que divers princes, lesquels pour la nécessité de leur conservation ou par d’autres considérations étaient attachés à nos ennemis, s’en sont séparés et ont eu recours à notre protection, voyant qu’elle est éloignée de tout autre intérêt que celui de la gloire qu’il a de maintenir la liberté publique.
Entre ceux qui ont recherché l’appui de cette couronne, notre très cher et bien aimé cousin Honoré Grimaldi, prince de Monaco, ne pouvant souffrir davantage le mauvais traitement qu’il recevait de la garnison espagnole qui avait été introduite par surprise dans sa place pendant son jeune âge, et que les ministres du roi d’Espagne en Italie eussent d’aussi peu de respect et de bienvenue en son endroit que s’il n’avait pas été seigneur légitime de Monaco, ayant vu paraître nos armes en Italie pour le secours et soulagement des oppressés, avec les bons succès dont il a plus à Dieu favoriser nos bonnes intentions, a voulu prendre une généreuse résolution de se défaire de cette protection forcée du roi d’Espagne et de se mettre ensuite volontairement sous la notre, en recevant une garnison française.
Ledit prince s’est aisément résolu à la perte des biens qu’il avait dans le royaume de Naples ne doutant pas que le roi d’Espagne les prit aussitôt qu’il aurait appris l’effet de son dessein.
Nous nous sommes portés bien volontiers à promettre audit prince de l’en récompenser et de lui en donner autant dans notre royaume qu’il en avait dans celui de Naples, pour partie en titre duché et pairie, et autre partie en titre de marquisat, le tout en terres moins éloignées qu’il se pourrait du lieu de Monaco.
A ces causes, nous n’avons rien trouvé de plus en main pour lui donner que les terres et seigneuries de Crest, Grane, Sauzet et Savasse, les domaines de Montélimar et de Romans, la terre et baronnie de Buis, le terrage de Valence, et les péages d’Etoile, Brin et Charmau, le tout situé en Dauphiné et faisant partie de notre domaine en cette province.
Desquelles terres, seigneuries et domaines, avec les villes de Montélimar, Crest et Romans, les châteaux et maisons qui en dépendent, terrages et péages, ainsi que le tout dont il se comporte, droits seigneuriaux, juridictions, fiefs, arrière-fiefs, et autres appartenances et dépendances, nous avons fait et faisons don, par ces lettres signées de notre main, audit prince de Monaco.
Nous érigeons ces terres en titre et dignité de duché et pairie de France sous la dénomination de duché de Valentinois, pour en jouir par ledit prince et successeurs mâles, perpétuellement et à toujours, avec le titre de duc et pair de France.
Donné au camp devant Perpignan, au mois de mai, l’an de grâce mil six cent quarante deux et de notre règne, le trente-troisième. Signé Louis.”
Les princes de Monaco en portèrent régulièrement le titre jusqu’en 1949, date du décès du prince Louis II de Monaco. S’agissant d’un titre de droit français, il ne peut se transmettre par les femmes et il n’y a plus aujourd’hui d’autorité en France ayant le pouvoir d’en effectuer le report en cas d’extinction des mâles.
Utilisé par la famille régnante de Monaco après 1949, pour la princesse Charlotte de Monaco, fille du prince Louis II, et son époux Pierre de Polignac, le titre de duc de (ou du) Valentinois, sans être irrégulier, est un titre de droit monégasque.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, Série AA – Actes Constitutifs et Politiques de la Commune – AA 17 – Lettres patentes de Sa Majesté accordant au Prince de Monaco les terres de Romans