Description de la ville de Romans en 1796
Le 25 avril 1796, un membre du Conseil municipal de Romans-sur-Isère a fait une description complète des atouts de la ville aux fins de soutenir que le Tribunal de Commerce du département y soit conservé.
1. Situation. Romans est situé en plaine, sur la rive droite de l’Isère qui baigne ses murs. Vis-à-vis est la commune de l’Unité (1) à laquelle on communique par un pont en pierre. A dix lieues est le confluent de l’Isère avec le Rhône, à trois lieues est la grande route de Lyon vers les départements méridionaux, de là la facilité du transport des marchandises depuis Grenoble jusqu’à Beaucaire. Des trains de bateaux qui remontent depuis le Rhône jusqu’en Savoie.
(1) Durant la Révolution Française, la ville de Bourg-de-Péage était officiellement appelée Unité-sur-Isère.
2. Routes. L’Isère, navigable jusqu’à son confluent, coule entre Romans et la commune de l’Unité. Une grande route venant de l’est, pour aller du Piémont, de la Suisse et de Genève dans les départements méridionaux de la France, traverse Romans et va joindre la grande route du nord par le couchant, à Tain et par le midi, à Valence. Pour le transport des troupes, la réduction des étapes et l’économie des dépenses ont fait ordonner une nouvelle route du “Saut du Rhône” à Die, en passant par Romans.
3. Population. Le district de Romans, d’une superficie de 62 lieues carrées, renferme 56 municipalités, 14 cantons, 52 500 habitants et 3 298 électeurs.
4. Draperie. Les draperies de plusieurs espèces ont pris naissance dans Romans depuis trois siècles. Les manufactures qui s’y trouvent, les ateliers qui l’environnent, la qualité de ses laines, la propreté de ses eaux, le nombre de ses fabricants ont fait nommer la commune de Romans “la métropole du commerce du ci-devant Dauphiné”. Plus de 20 000 bras, à 3 lieues à la ronde, filent la laine et fabriquent des draps, des bas et des bonnets. Ces draps, au sortir de l’atelier, sont portés à Romans où ils sont teints et apprêtés.
5. Soierie. Le sol de Romans, couvert de mûriers, produit des soies qui rivalisent avec celles du Piémont. On y trouve actuellement 22 fabriques, plus 7 fabriques dans les environs, sortant plus de 800 ballots tous les ans, qui restent à Romans pour faire des bas et des mouchoirs, ou qui vont à Lyon, à Saint-Etienne, à Saint-Chamond, à Nîmes, pour faire des étoffes et des aubans.
6. Tannerie. La tannerie a, dans Romans, tout un quartier destiné, par ses eaux, à ce genre de commerce qui fleurissait autrefois. Les impôts de l’Ancien Régime l’avait abattu mais il espère prendre un nouveau lustre sous l’empire de la liberté.
7. Chanvre. Le commerce du chanvre, pour les cordages, s’est plus particulièrement retiré dans la commune de l’Unité, où l’on compte nombre d’hommes laborieux.
8. Huiles. Le commerce des huiles de noix est un bienfait et un moyen d’échapper aux rigueurs de l’hiver.
9. Marchés et foires. Les relations commerciales établies entre Romans et les communes environnantes rendent ses deux marchés, par décade, les plus fréquentés du département et les plus abondants en toute espèce de denrées. Il y a en outre plusieurs foires et celles qui furent établies par brevet du 7 août 1592 ont été renouvelées par un arrêt du conseil municipal du 17 mai 1785, particulièrement pour le commerce de la soie.
10. Poste aux lettres et aux chevaux. Plus le commerce a d’activité, plus la correspondance doit être prompte. Aussi, le service des postes aux lettres et aux chevaux ne souffre jamais aucun retard dans Romans.
11. Nouveaux ouvriers. Plusieurs ouvriers ont quitté Lyon pour cherche du travail ailleurs. Où ont-ils porté leur industrie et leurs métiers ? A Romans, où il y a plus de 40 familles. Les uns fabriquent des étoffes de soie, les autres des bas et des mouchoirs. Ils trouvent sous leurs mains la matière première, les apprêts, les teintures.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – 1D3, Registre des délibérations municipales, 1795-1797 – 8Fi25, Plan de la ville de Romans en Dauphiné en 1789.