Découverte de trois photos de la cérémonie de restauration du Chemin de Croix, le 6 octobre 1940
Depuis toujours, aux Archives municipales de Romans, trois photographies sont légendées “Procession du Vendredi saint”. Personne ne sait d’où elles proviennent, ni de quand elles datent, ni ce qu’elles représentent réellement.
Sur ces photos, nous voyons le clergé local et une foule nombreuse de fidèles dresser une grande croix de bois au chevet de l’église Saint-Barnard. Or, cet événement est fort bien décrit dans la presse locale de l’époque.
Ainsi, le Journal de la Drôme du 17 octobre 1940 nous dit :
“Dimanche 6 octobre (1940), une belle et émouvante cérémonie s’est déroulée dans notre collégiale Saint-Barnard, à l’occasion de la mise en place de la croix monumentale du Grand Voyage dont les stations vont être restaurées.”
“Après les tragiques événements de l’été dernier (la destruction d’une arche du pont Vieux par les allemands, le 20 juin 1940, qui avait, dans le même temps, soufflé les vitraux de l’église Saint-Barnard), au cours desquels il fut évident que Romans avait été protégé, l’abbé Voulot, curé-archiprêtre de Saint-Barnard, prit l’initiative d’ouvrir une souscription pour restaurer les stations du Grand Voyage. Nous savons tous dans quel état de dégradation lamentable se trouvent les petits oratoires qui, le long de nos rues et sur nos places, constituent les stations de ce Chemin de Croix si particulier, construit il y a cinq siècles sur l’initiative de Romanet Boffin.”
“Donc, ce dimanche 6 octobre, un premier geste était fait en faveur de cette restauration. Il s’agissait de bénir et de mettre en place, au chevet extérieur de Saint-Barnard, où plusieurs stations commémorent la condamnation de Jésus, une croix monumentale qui devait remplacer celle que la piété des fidèles avait fait dresser là, il y a 130 ans, et qui tombait en ruine.”
“Dès 15 heures, une foule très dense envahit la collégiale et nombreux sont ceux qui, ne pouvant trouver place dans la vaste nef, se pressaient sur le parvis. Monseigneur l’évêque fit son entrée dans le choeur, escorté de son vicaire général et du clergé des paroisses de Romans et Bourg-de-Péage. Près de l’autel, la grande croix de bois que l’on allait bénir et autour de laquelle avaient pris place le docteur Barlatier, maire de Romans, et messieurs les curés des cinq paroisses.”
“Après une allocution de Monseigneur Pic qui retraça le glorieux historique de la collégiale et du Grand Voyage, eut lieu la bénédiction solennelle de la croix qui, par une autorisation spéciale de monsieur le Préfet, put être transportée processionnellement par la place Maurice Faure jusqu’à l’endroit où elle était destinée. Nombreux furent les curieux qui vinrent passer ce cortège auquel des années de sectarisme les avaient déshabitués. Il n’y eut aucune fausse note et l’émotion gagnait les spectateurs de cette cérémonie où des combattants de la dernière guerre, se relayant par équipes, portèrent triomphalement la croix vers le socle où elle devait être érigée.”
“Et tandis que la croix se dressait devant la foule recueillie, nous pensions aux cérémonies, plus belles encore, qui se dérouleront quand la générosité de nos concitoyens aura permis de restaurer toutes les stations du Chemin de Croix et le calvaire des Récollets.”
“Revenant par le quai, la foule reprit place à l’église où eut lieu un salut solennel. Les chants, exécutés par la chorale mixte paroissiale, furent parfaits en tous points et nous profitons de la circonstance pour féliciter les chantres dévoués ainsi que ceux qui les exercent.”
Ces trois photographies peuvent désormais être correctement légendées et datées, et surtout, témoigner d’un moment très important dans l’histoire du Chemin de Croix dit Grand Voyage de Romans.
Sources : Archives municipales de Romans, Fonds iconographique, 5 Fi 27, 5 Fi 28, 5 Fi 29 – Le Journal de la Drôme, 17 octobre 1940.