Augmentation du volume des eaux alimentant les fontaines publiques
Lors de la séance du Conseil municipal du 10 février 1892, le docteur Bonnet, maire de Romans-sur-Isère, présenta un rapport intitulé “Augmentation du volume des eaux alimentant les fontaines publiques.”
Voici quelques extraits de ce rapport décrivant les moyens de fournir de l’eau à une population plus nombreuse dans une ville à la superficie grandissante.
Il ne faut pas oublier, qu’à cette époque, les habitations n’étaient pas alimentées en eau courante et qu’il fallait puiser l’eau aux sources et fontaines, plusieurs fois par jour, pour les besoins quotidiens.
“Depuis que la ville de Romans-sur-Isère, par suite de la démolition des remparts qui l’étreignaient comme une ceinture trop étroite, et grâce surtout à la construction de la ligne du chemin de fer de Valence à Grenoble et Chambéry, a pris, du côté nord, une grande extension, les diverses municipalités qui se sont succédé ont eu à coeur de donner aux habitants des nouveaux quartiers cet élément indispensable : l’eau.
En 1753, il n’y avait, pour l’alimentation publique, que les fontaines de la basse ville et six puits publics.
Si l’on jette les yeux sur le plan de la ville dessiné en 1821 par M. Maurel, on voit que Romans-sur-Isère était alimenté par vingt deux puits publics ou privés, utilisés cependant pour les besoins généraux.
Outre les puits, la basse ville possédait plusieurs sources importantes utilisées pour l’alimentation et les services industriels.
Aussi, lorsqu’un incendie éclatait, les citoyens rivalisaient-ils de zèle pour faire la chaîne de l’Isère à la maison qui était le siège du sinistre.
C’est à l’administration de M. Maurice Rochas, maire de Romans-sur-Isère en 1848, que nous devons les fontaines dites de Mours qui alimentent certaines parties de la haute ville et du faubourg Saint-Nicolas.
Cette administration s’efforça de mener à bien les travaux que devaient nécessiter l’installation de ces nouvelles fontaines pour alimenter le quartier Jacquemart, la Hautevilleneuve, la place de l’Hôtel de Ville, le faubourg et la rue Saint-Nicolas, la rue de l’Armillerie, la quartier Pavigne, la rue Rebatte, la rue Bonjour, la rue Paradis, l’ancienne Bouverie et la côte Jacquemart.
La ville était donc, vers 1857-1860, assez bien alimentée au point de vue de l’eau. Les larges rues qui existent actuellement au nord n’étaient pas même encore indiquées sur le plan. L’extension de la ville dans cette direction amena de nouveaux et impérieux besoins.
Ce fut la cause des fouilles récemment faites à Peyrins qui alimentent les fontaines dites de Peyrins et réservées aux quartiers nord.
Dès 1864, un grand nombre de bornes fontaines cessèrent de couler et, en 1874, le volume des eaux n’étant plus en rapport avec les besoins journaliers de la population, de nouvelles recherches furent effectuées en prolongeant les galeries de recueillement dans la commune de Peyrins.
En 1881, une nouvelle galerie fut construite le long de la route de Peyrins, sur une longueur de 133 mètres. Tout récemment, des avaries nombreuses survenues dans cette galerie ont nécessité des dépenses considérables pour la réparer.
Aussi, en 1889 et 1890, la nécessité d’améliorer cette situation amena la municipalité à s’occuper d’une façon toute spéciale d’augmenter le volume des eaux des fontaines de la ville.
Différentes propositions furent amenées au Conseil municipal qui confia aux ingénieurs des Ponts et Chaussées le soin de les examiner et de donner leur avis motivé sur chacune d’elles.
Un moment, on avait songé à installer, au quartier de la Presle où se trouve une nappe d’eau d’une puissance illimitée, une machine à vapeur qui aurait, pendant le jour, actionné des pompes pour l’élévation de l’eau et qui, la nuit, aurait actionné des dynamos pour fournir l’éclairage électrique.
Cette idée qui nécessitait l’installation d’un réservoir en tôle ou en maçonnerie très dispendieux, élevé d’au moins vingt mètres au-dessus du niveau de la place d’Armes (actuelle place Jean Jaurès), fut écartée comme trop coûteuse et peu pratique.
Une autre proposition consistait à installer la machine élévatoire à Peyrins même, à l’origine des galeries. Malheureusement, cette solution, quoique très pratique et économique, ne peut être poursuivie puisque nous n’avons pas encore à notre disposition l’emploi des moteurs électriques.
Une dernière proposition semble satisfaire aux exigences actuelles. Elle assure la jouissance d’un volume de 50 000 hectolitres d’eau par 24 heures. Ces eaux viennent de Peyrins. Ce sont les mêmes que celles que nous avons actuellement. L’analyse nous les présente comme les meilleures de la région et bien supérieures en qualité à celles venant de la rive gauche de l’Isère.
Au total, nous pourrons fournir 700 litres d’eau par habitant et par jour. Nous serons par conséquent bien au-dessus du volume réclamé par les hygiénistes qui suggèrent que chaque adulte a besoin de 112 litres d’eau par jour.
En réalité, ces estimations sont très larges et l’on peut bien croire que quand il arrive 150 litres d’eau à une ville par habitant, il y en a 50 d’utilisés pour la maison, 50 pour la rue et 50 de gaspillés.
Au nom des Commissions réunies, je vous propose l’adoption du bail locatif pour la fourniture, d’ici au 20 avril prochain, d’au moins 50 000 hectolitres d’eau potable par 24 heures. Ces eaux proviennent des propriétés de la famille Sallmard, à Peyrins.”
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, 1 D 21, Délibérations municipales, 1889-1892, pp. 339-346