L’éclairage public
La nuit venue, comme toutes les autres villes, Romans-sur-Isère fut pendant de longs siècles plongée dans l’obscurité la plus complète lorsque la lune ne paraissait pas.
Aussi, les défenses de sortir la nuit sans lumière étaient-elles nombreuses comme celle, très amusante, du 22 novembre 1631 : “Défense de s’assembler aux cabarets, charivaris et bals, de courir la nuit sans lumière après la retraite, et de s’envoyer des fricassées de boudins les uns aux autres.”
Toutefois, dès le XIVè siècle, les bougies de Romans-sur-Isère sont renommées et lors du passage d’un personnage important, on ne manquait pas de lui faire cadeau de ce produit de l’industrie locale.
Citons entre autres les événements suivants : le 5 juin 1361, la ville fournit 24 torches de cire pour les funérailles de Guillaume de Vergy, gouverneur de la Province ; en 1511, Louis XII et sa femme qui passaient à Romans-sur-Isère, reçurent des bougies ; le 10 mars 1701, les ducs de Bourgogne et de Berri, petit-fils de Louis XIV, furent reçus en grande pompe et on offrit à chacun d’eux deux quintaux de bougies, et un quintal à chacun des grands seigneurs qui les accompagnaient.
Les chandelles font leur apparition au XVIè siècle et elles ont immédiatement un succès considérable. A plusieurs reprises, les Consuls de Romans-sur-Isère doivent en interdire la vente au dehors de la ville pour que les habitants n’en soient pas dépourvus.
L’usage de donner des bougies de cire se maintient jusqu’à la Révolution Française.
En 1783, l’assemblée préliminaire des Etats Généraux devant se tenir dans l’Eglise des Cordeliers, on fait l’achat de cent lanternes à bougies pour éclairer les rues.
Après la Révolution, la chandelle devient si rare, que le 21 octobre 1794, la municipalité fit une réquisition de quatre quintaux de chandelles pour les besoins des autorités en invitant de les fournir de bonne qualité sous peine de confiscation.
A quelle époque l’éclairage à huile des rues de Romans-sur-Isère fit-il son apparition, nous ne pouvons le dire exactement. Toujours est-il qu’il était établi en 1841, puisqu’à la séance du 8 janvier, l’un des membres du Conseil municipal trouve l’éclairage à huile bien insuffisant, se plaint qu’il est très coûteux et que les réverbères s’éteignent le plus souvent à dix heures du soir, et demande s’il ne serait pas possible de s’éclairer au gaz.
La réponse à cette question ne se fait pas attendre puisque le 21 décembre 1843, le Conseil municipal arrête qu’il y a lieu d’éclairer la ville par le gaz. Une commission est nommée pour établir un cahier des charges à imposer à l’entreprise chargée de l’éclairage. La même commission doit traiter avec monsieur Gizon, entrepreneur de l’éclairage à l’huile, pour résilier son contrat.
Les choses allèrent bon train et le 15 octobre 1844, l’usine à gaz était achevée.
Mais le progrès ne s’arrêta pas là et, le 8 juin 1908, l’éclairage public électrique est mis en service dans les rues de la ville et, l’année suivante, dans les bâtiments communaux.
En mars 1909, au clos Guichard, a lieu l’inauguration de l’éclairage électrique du Boulodrome : plus n’est besoin de chandelle pour achever la partie !
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, 1 D 14 – Délibérations municipales, 1840-1849 ; 1 D 28 – Délibérations municipales, 1907-1910 ; Histoire du commerce et de l’industrie de Romans, Marcel Texier, 1902