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Mathieu de la Drôme, Monsieur Météo

L’objet que nous présentons cette semaine est la partition d’une chanson satirique écrite par Gustave Nadaud et intitulée “Saint Mathieu de la Drôme”.

Ce musicien et chansonnier eut son heure de gloire dans la seconde moitié du XIXe siècle avec près de 250 chansons écritent sur des sujets aussi divers que des apologies ironiques, des satires politiques, des chansonnettes comiques, des chansons poétiques plus mélancoliques et quelques opérettes de salon.

/Qui était Mathieu de la Drôme ?

Philippe-Antoine Mathieu est né en 1808 à Saint-Christophe-et-le-Laris, petit village de la Drôme. Après avoir fait ses études au petit séminaire de Valence, il donna des séances littéraires et scientifiques à Lyon. Élu député en 1848, c’est sur les bancs de l’Assemblée qu’on lui donne le nom de Mathieu de la Drôme. Il est mort à Romans-sur-Isère, dans sa maison d’habitation de la rue Royans, dans le quartier Saint-Nicolas, le 16 mars 1865 et repose au cimetière ancien de la ville.

Un météorologiste moqué

Mais il est aussi connu pour avoir publié nombre d’almanachs à partir de 1861. À l’aide de certaines observations et moyennant certains calculs, il affirmait pouvoir prédire le temps qu’il ferait jusqu’à une année d’avance.

La presse nationale de l’époque avait l’habitude de se moquer de lui. Puisons quelques exemples dans le quotidien Le Figaro : le 12 novembre 1863 : “Depuis que le mauvais temps a donné raison à Mathieu de la Drôme, ce prophète de malheur ne se sent pas de joie.” ; le 3 décembre 1863 : “Les savants ne doutent de rien. Un professeur de l’Académie de Genève vient de découvrir le secret de la production des sexes à volonté. C’est plus fort que Mathieu de la Drôme !” ; le 18 juillet 1873 : “On se demande s’il ne viendra pas, un jour, quelque nouveau Mathieu de la Drôme qui déterminera à l’avance, dans un almanach, l’époque et la durée des tempêtes législatives.” ; et le 25 juillet 1875 : “Si la prédiction du temps semble être encore une science si merveilleuse, c’est que les faux prophètes qui l’ont accaparée et qui l’exploitent se sont appliqués à l’entourer d’un voile mystérieux.”

C’est aussi le but de cette chanson écrite par Gustave Nadaud avec des paroles sans équivoque : “Vous qui parlez avec les astres, Comme on cause avec des amis, Des ouragans qu’ils ont promis, Conjurez les désastres, Quand ils auront frappé leurs coups, Versez-nous votre baume, Saint Mathieu de la Drôme, Priez pour nous.”

La rue Mathieu de la Drôme

C’est en 1881 que cette voie prit le nom de Mathieu de la Drôme. Auparavant, elle était divisée en deux sections : la rue de l’Abbé, de la place Maurice Faure à la rue Saraillerie, puis la rue Saunerie, jusqu’à la côte des Cordeliers. La rue de l’Abbé rappelait qu’il y avait eu une abbaye bénédictine à l’emplacement de l’église Saint-Barnard, et la rue Saunerie, qu’il y avait eu un entrepôt à sel. Très étroites, ces rues avaient été élargies en 1770 puis en 1820.

Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/12/21/mathieu-de-la-drome-monsieur-meteo-victime-de-la-satire

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