Les vies de Louis Vinay
Les objets que nous présentons cette semaine sont un ex-libris de Louis Vinay, le seul connu à ce jour, et une rare partition d’une chanson dont il a écrit les paroles.
Un ex-libris est une inscription que le propriétaire d’un livre insère pour marquer nommément sa possession. Comme ici, c’est le plus souvent une gravure que le bibliophile colle sur le contre-plat (l’intérieur de la couverture) ou sur la page de garde de ses livres.
Louis Vinay est né à Romans en 1872 d’un père marbrier. Ancien élève de l’externat Saint-Maurice, il exerçait la profession d’architecte. Membre de la Société d’archéologie de la Drôme, il a publié, en 1903, un ouvrage de référence intitulé “Essai sur les monuments et les anciens édifices de la ville de Romans”. Il est mort en 1943 dans sa maison de la côte Macel.
Le poète romanais Gaston Bouchet dira de lui : “Grand, mince, élégant, cheveux rejetés en arrière, barbe taillée en pointe, une canne à la main, une cigarette aux lèvres, un mot aimable ou drôle à la bouche et un sourire bienveillant, telle est la portraiture rapide de cet homme que l’on apercevait souvent dans nos rues animées.”
En bon érudit de la vieille école, Louis Vinay a latinisé son ex-libris qui porte l’inscription “Ex libris Ludovici Vinay Rom.”, c’est-à-dire “Ex-libris de Louis Vinay de Romans”, et dans l’élément décoratif “Artibus litteris”, c’est-à-dire “Arts et Lettres”.
Le périple des ossements de Béatrix de Hongrie
Fille du roi Charles Martel de Hongrie et de Clémence de Habsbourg, et belle-sœur du roi Louis X de France, Béatrix de Hongrie a six ans, en 1296, lorsqu’elle se marie avec Jean II de Viennois. En 1349, un de leurs fils, Humbert II, dauphin du Viennois, signe le rattachement du Dauphiné au royaume de France dans sa maison d’habitation, en face de l’église Saint-Barnard. Béatrix de Hongrie est inhumée, en 1354, dans le couvent de Saint-Just-de-Claix (Isère) mais lors des guerres de religion, les religieuses s’enfuient à Romans où elles fondent le monastère de Saint-Just (aujourd’hui école Saint-Just) et les restes de la princesse y sont transférés. En 1905, la ville de Romans prend possession des lieux suite à la loi de séparation des Églises et de l’État et, en 1910, les restes de Béatrix de Hongrie sont découverts lors de travaux de terrassement. Alerté et fort à propos, Louis Vinay les inhume en secret dans l’église Saint-Nicolas avec le curé Paul Guibaud. Finalement, le 14 mai 2003, ils sont transférés, une dernière fois, en l’église Saint-Barnard et l’on peut voir sa stèle, au sol, dans le bas-côté droit de la nef.
Loques et Chiffons
Sous le pseudonyme de Coste de Macel (rappelez-vous qu’il habitait côte Macel !), il a écrit les paroles d’une chanson intitulée “Loques et Chiffons” dont nous présentons une rare partition.
Le texte est à chanter de façon “un peu énergique”, comme cela est précisé sur la partition : “Nous sommes les gais chiffonniers, Qu’il pleuve qu’il neige ou qu’il vente, Nous parcourons tous les quartiers, Du soir à l’aurore naissante, Fouillant la hotte sur le dos, Les tas d’ordures les brindilles…”
Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2025/02/01/les-vies-de-louis-vinay
- Partition de “Loques et Chiffons”. Collection privée Jean-Yves Baxter.