Jean-Yves Baxter Lire →

Le pont Vieux vers 1820

En plein cœur de l’été, un antiquaire allemand a mis en vente une collection de plusieurs dizaines de dessins originaux du début du XIXe siècle représentant des vues de villes de France. Parmi ceux-ci, des dessins concernant la ville de Romans jamais vus jusqu’à présent dans notre cité. Cette série de quatre épisodes vous propose de les découvrir.

À Romans, nous connaissons déjà les dessins d’Alphonse Nugues et de Diodore Rahoult, dans la première moitié du XIXe siècle. Ceux vendus au mois d’août ne sont malheureusement pas signés mais ils proposent d’autres vues. Les constructions et immeubles représentés permettent de les dater du début des années 1820 au plus tard sans se tromper.

À l’extrémité gauche du pont, nous voyons une partie de l’église Saint-Barnard, ancienne collégiale, et les quais n’existaient pas encore puisque leur construction date du milieu du XIXe siècle et les rues descendaient alors directement à la rivière et certaines maisons avaient “les pieds dans l’eau”.

Au milieu du pont, nous voyons un bâtiment intéressant : il s’agit de l’ancien hôpital des Jacinières. Fondé en l’an 1240, il était destiné aux femmes en couches et appartenait au chapitre de chanoines de Saint-Barnard qui nommait un recteur et gérait les revenus qui en dépendaient. Détruit en 1281 par l’évêque de Valence (la ville de Romans dépendait de l’évêque de Vienne), l’hôpital fut immédiatement reconstruit. Il faut remarquer que cette institution charitable était bien mal située pour abriter des femmes en couches avec d’un côté une voie publique très fréquentée et bruyante sur le pont, et de l’autre, le grondement d’une rivière torrentueuse. Nous ne savons pas exactement quand l’hôpital cessa d’accueillir des femmes mais probablement vers le milieu du XVIIe siècle. Le bâtiment devint alors propriété communale et on y installa un corps de garde au rez-de-chaussée et des appartements particuliers aux étages. Vendu comme bien national à la Révolution française, il fut entièrement démoli en 1856.

À droite du pont, du côté de Bourg-de-Péage, nous voyons une porte. En prenant des repères actuels, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les remparts de la ville de Romans partaient environ du pont Neuf, remontaient environ jusqu’au lycée Triboulet, longeaient la place Jean Jaurès et le cours Pierre Didier, et redescendaient en passant la Cité de la Musique. L’Isère faisait rempart naturel au sud de la ville. Ils étaient percés de sept portes fortifiées dont les pont-levis s’abattaient sur des fossés de 25 à 30 pieds (de 8 à 9,75 mètres). La porte que l’on voit sur le dessin, non incluse dans les remparts, fut l’objet d’une querelle entre les villes de Romans et Bourg-de-Péage en 1807. En effet, la mairie de cette dernière demandait à ce que cette porte soit comprise dans les limites de son territoire alors qu’elle appartenait à la ville de Romans depuis plusieurs siècles. C’est Romans qui eut finalement le dernier mot…

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/09/07/decouvrez-le-pont-vieux-vers-1820

Publié dans: 19è siècle, Patrimoine

Publier un commentaire