Quand Romans et Bourg-de-Péage formaient le Bourg-Uni
Saviez-vous que les villes de Romans et Bourg-de-Péage ont été officiellement unies pendant un peu plus de quarante ans ? Cet épisode historique s’est déroulé des années 1636 à 1680.
La seigneurie de Pisançon étant une très ancienne possession de l’église de Saint-Barnard, les habitants de Romans n’étaient pas tenus de payer de péage, tant par terre que par eau, pour leurs personnes et leurs denrées, excepté quand ils en faisaient commerce.
Le hameau qui se fixa près du pont, sur la rive gauche de l’Isère, était appelé “bourg du péage de Pisançon”.
Néanmoins, ce droit ne fut pas toujours respecté. En septembre 1609, les consuls de Romans durent se rendre à Grenoble pour représenter à Jean de la Croix, évêque de cette ville, que leurs concitoyens venaient d’être assujettis à payer les taxes du péage, ce qui leur portait un grand préjudice et causait des troubles dans la ville. Le prélat répondit qu’il ne pouvait l’empêcher et un procès s’engagea. La ville de Romans se trouva dans une position très difficile et pour en sortir, elle acheta, le 23 décembre 1632, la coseigneurie de Lesdiguières, sur le territoire de Pisançon, au prix de 20 000 livres, et obtint l’union du bourg du péage à la ville par arrêt du conseil d’Etat du roi Louis XIII de France du 28 juin 1636.
Cet arrêt du conseil d’Etat, tenu à Paris, avait ordonné que les habitants du bourg du péage ne feraient qu’un seul corps de communauté et une même taillabilité (impôts), qu’ils contribueraient à toutes les charges tant ordinaires qu’extraordinaires de la ville de Romans.
Le 6 novembre 1642, Henri de la Guette, intendant de la province du Dauphiné, confirma cette union “à perpétuité” en rendant un jugement qui déclarait le péage, les terres, domaines et seigneuries du territoire de Pisançon compris dans la portion échue à la ville de Romans.
En 1649, cette nouvelle entité fut même dénommée “le Bourg-Uni” par lettres du roi de France.
Mais les dissensions étaient très fortes et le 1er janvier 1680, sur l’avis de l’intendant de la généralité de Grenoble, Henri Lambert d’Herbigny, un arrêt du conseil d’Etat déclara le bourg du péage de Pisançon séparé de la ville de Romans et ce fut la fin de l’histoire commune de nos deux villes.