La côte du Crotton
En 1516, en ce lieu appelé “en truc” (ce qui désigne un mont arrondi), Romanet Boffin, riche marchand romanais, fondateur du chemin de croix et du calvaire, acheta quatre maisons en ruines et fit construire sur leur emplacement une belle chapelle rappelant la maison d’Anne (Hanan, en hébreu), grand prêtre du Temple de Jérusalem à qui Jésus fut présenté avant son jugement.
Romanet Boffin adjoignit à cette chapelle une petite grotte appelée “le Grotton” au-devant de laquelle on voyait un pilier surmonté de la statue d’un ange ayant une trompette à la main.
Plusieurs voies publiques avoisinantes avaient été dénommées en souvenir de cette chapelle : la place, la rue et la côte du Grotton, et la rue, la côte et l’escalier des Grottes.
Il ne reste aujourd’hui que la côte des Crottes et la côte du Crotton.
Nous ne savons pas quand ni pourquoi leur nom a été altéré et a ainsi perdu sa signification historique mais sur le plan de Romans établi en 1821, la lettre “G” a déjà été remplacée par un “C”.
Cet article de Romans Historique est paru dans le Dauphiné Libéré : www.ledauphine.com/drome/2015/05/08/la-cote-du-crotton-une-petite-grotte-appelee-le-grotton
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère.
Dans les archives, on trouve bien la côte des Grottes et la côte du Grotton puis la la côte des Crottes et la côte du Crotton. Je ne les ai pas sous la main mais ça se retrouve facilement.
Le Grotton tire son nom de la chapelle construite par Romanet Boffin.
Voilà pour l’histoire telle qu’elle s’est réellement passée.
Concernant le changement de nom, nous n’avons pas d’explication écrite. C’est pourquoi j’émets l’hypothèse la plus probable qui est celle d’une erreur de transcription suite à un recensement effectué par une personne qui ne connaissait pas l’histoire de la ville. Cela est arrivé très souvent un peu partout en France.
Bien cordialement.
Y-a-t’il vraiment eu transformation de Grotton en Crotton, ou s’agit-il simplement d’une francisation?
La langue historique de Romans est l’occitan (mâtiné de francoprovençal). Or, en occitan, une “cròta” (écrit ici en graphie classique, mais qui se prononce croto –premier o ouvert, le second fermé) a pour traduction selon Louis Moutier “grotte – caverne – pièce voûtée – cave – voûte” (Dictionnaire des dialectes dauphinois – ed. ELLUG/IEO Drôme). “cròta” est en fait un mot commun sur l’espace occitan, bien connu en toponymie pour l’erreur qu’il a engendré chez des administratifs peu savants qui ont transformé le “cròta” occitan en “crottes” bien françaises (on en a d’ailleurs un exemple en bordure de la commune de Montmeyran).
A noter aussi que l’augmentatif -on est très usuel en occitan (et nettement moins en français). Nous serions donc peut-être bien en présence d’un “croton” occitan, une grande cave ou une grande grotte, qui se serait vu transformé en crotton par erreur.
A quand une double signalétique fr/oc : côte du croton / còsta dau croton?