Des romanais méritants
Nombre de romanaises et romanais ont obtenu des médailles et récompenses : légion d’honneur, médaille militaire, médaille du travail, mérite agricole, médaille d’honneur de l’éducation physique et des agents de la police municipale, médaille de la prévoyance sociale, médaille de l’Assistance publique, médaille de la Famille française, etc.
Il n’est, bien entendu, pas question de hiérarchiser les mérites mais il en est d’autres qui ont été récompensés pour leur courage et leur dévouement et leurs histoires valent d’être rapportées.
Le 9 février 1886, vers onze heures du matin, M. Joseph Barrier, âgé de 33 ans, fabricant de chaussures, côte Jacquemart à Romans-sur-Isère, était dans son magasin lorsque sa femme l’a prévenu que le chien qui était soupçonné d’être enragé et que plusieurs personnes avaient vainement essayé de tuer, venait de passer dans la rue. Craignant pour son enfant, il est sorti dans la rue armé d’un marteau. A ce moment, M. Jean Roux, 42 ans, secrétaire de police, vint à passer et le chien se jeta sur lui et déchira son pantalon. Le secrétaire se jeta alors sur l’animal, le saisit à la gorge avec les deux mains et le terrassa. Voyant que M. Roux épuisait ses efforts et qu’une de ses mains était ensanglantée, M. Barrier accouru et acheva l’animal d’un coup de marteau.
Le 28 janvier 1892, vers onze du soir, M. Désiré Alphonse Blachon, demeurant 4 rue Palestro à Romans-sur-Isère, était couché lorsqu’il entendît crier au secours chez M. Régis Blachon, un étage au-dessus. Il monta à la hâte et appela mais, n’obtenant pas de réponse, il enfonça la porte. De suite, une fumée épouvantable s’est échappée. Après avoir demandé à sa femme d’apporter de la lumière, il entra à l’intérieur et trouva M. Régis Blachon sur le parquet, sa femme et ses deux enfants dans le lit ne donnant plus signe de vie. Il réussit à les sortir et constata que tous respiraient encore. Alors, il alla chercher le docteur Perret qui expliqua qu’ils avaient été asphyxiés par la fumée du feu allumé dans la chambre. Avec beaucoup de soins, toute la famille fut sauvée.
En 1894, M. Jean Mossan, maître d’hôtel, domicilié 39 rue Jacquemart à Romans-sur-Isère, a accompli plusieurs actes de courage à l’occasion d’incendies et a “maîtrisé un mulet qui aurait pu occasionner des accidents à des enfants sortant de l’école.” Le 5 juin 1903, il a aussi maîtrisé un cheval qui était attelé à une jardinière et qui aurait pu occasionner de graves accidents.
Le 6 février 1922, à 16h30, heure à laquelle les enfants sortent de l’école, M. Georges Montagnon, demeurant 45 place Jean Jaurès à Romans-sur-Isère, n’a pas hésité à se jeter à la tête d’un cheval emballé qui parcourait la rue Jacquemart et la place Jean Jaurès.
Mais l’Isère reste le lieu de tous les dangers à une époque où l’on s’y baignait encore et l’on pourrait raconter de très nombreuses histoires de sauvetage. En voici une :
Le dimanche 21 juillet 1901, vers 15h30, M. Paul Lévêque, âgé de 41 ans, ouvrier en chaussures à Romans-sur-Isère, se trouvait sur la rive gauche de l’Isère, à Bourg-de-Péage, quand il aperçut le jeune Antoine Charrin, 13 ans, apprenti cordonnier rue du Puy, qui s’amusait à traverser la rivière, disparaître sous l’eau, emporté par le courant auquel il n’avait pas pu résister. M. Léon Pelat, 16 ans, cordonnier, 8 rue Fusterie (cette rue qui n’existe plus était sur l’emplacement de l’actuel quai Chopin), témoigne que Paul Lévêque, qui se trouvait non loin de lui, s’est précipité dans l’Isère, a rejoint Charrin et l’a ramené sur la berge le sauvant ainsi d’une mort certaine. M. Jean Guichard, 46 ans, cordonnier, 18 rue Fusterie, explique que Paul Lévêque se baignait du côté de Bourg-de-Péage et qu’en voyant le danger couru par l’enfant, s’est élancé vers lui et a été assez heureux pour le ramener sain et sauf en le soulevant dans ses bras car il avait déjà perdu presque toutes ses forces. Le jeune Antoine Charrin attestera que Paul Lévêque lui sauva la vie mais il donnera une autre version des faits : “Je me baignais dans l’Isère quand M. Lévêque, qui se baignait également, m’engagea à traverser la rivière. Comme je ne voulais pas, il insista vivement et je finis par céder. Mais, à peine eus-je fait quelques mètres et sentant que je ne pouvais pas traverser, je voulus revenir en arrière, ce qu’il m’était facile de faire. Mais M. Lévêque est revenu vers moi et m’a poussé jusqu’à la berge du Bourg-de-Péage. Il est évident que si j’avais été seul, j’aurais pu être entraîné par le courant.”
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – Série K, Elections et Personnel, Sous-Série 3K, Protocole et distinctions honorifiques, 3 K 4, Récompenses honorifiques, 1904-1912, Décorés et médaillés, 1886-1923 – Illustration : Médaille d’Honneur pour Acte de Courage et de Dévouement