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Vue du couvent de la Visitation au XIXe siècle

En 2003, l’évêque italien Pier Giorgio Debernardi a publié une biographie de référence, “un pavé” de 750 pages, au sujet de Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche qui fut religieuse au couvent de la Visitation de Sainte-Marie de Romans, à l’emplacement de l’actuel Musée de la chaussure. Dans cet ouvrage, disponible en version française, on trouve plusieurs illustrations parmi lesquelles une lithographie représentant le couvent de Romans à la fin du XIXe siècle. Nous ne connaissions que cette reproduction malheureusement de petite taille, de faible qualité et inexploitable mais les sources de l’ouvrage nous indiquent qu’elle provient de l’Institut Betania du Sacré-Cœur (Istituto Betania del Sacro Cuore), à Vische, près de Turin, en Italie.

Retour aux sources

Pour comprendre comment cette lithographie se trouverait à Vische, il faut effectuer un retour aux sources. L’ordre de la Visitation de Sainte-Marie fut fondé à Annecy, en 1610, par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal dans le but de visiter les malades et les pauvres, d’où le nom de Visitandines que l’on donnait aux religieuses. En 1632, Charles de Claveyson, gouverneur de Romans, et Renée du Peloux, sa mère, adressèrent une requête à l’évêque de Valence afin d’obtenir des religieuses pour fonder un monastère de la Visitation à Romans. Pour aider à cet établissement, François de Gaste et Isabeau Livat, sa femme, firent donation d’un bâtiment dont ils étaient propriétaires.

En quête de la lithographie originale

En 1906, les religieuses furent expulsées par la loi de séparation des Églises et de l’État, et la Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche, qui était restée seize ans au couvent de Romans, fonda l’Institut Betania du Sacré-Cœur, à Vische, en 1914. Elle y est morte le 14 mai 1915.

Cet institut existe toujours et en contactant les religieuses, nous avons appris que lorsque Louise-Marguerite Claret de la Touche a fui Romans, elle a emporté quelques effets avec elle dont cette précieuse lithographie qu’elles conservent dans leurs archives et que nous vous montrons aujourd’hui.

À l’arrière plan, on aperçoit l’ancien collège, à l’emplacement de l’actuel lycée Albert Triboulet, et l’on peut donc dire avec certitude que cette lithographie à été réalisée entre 1889 et 1905. À part le clocher qui a disparu, les bâtiments principaux, les chapelles et les jardins n’ont pas changé. En 1906, le couvent abrita une école supérieure de jeunes filles et des nouveaux bâtiments furent construits le long de la rue Saint-Just, en particulier une cantine. On installa ensuite, dans cet immeuble, le service de la Goutte de Lait dont l’on peut encore voir, aujourd’hui, l’inscription de l’enseigne en lettres blanches sur fond bleu, rue Saint-Just.

Avant de conclure, il est nécessaire de remercier les religieuses de l’Institut Betania du Sacré-Cœur qui ont fait un don privé de cette lithographie qui restera donc désormais à Romans.

Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/11/09/une-lithographie-du-couvent-de-la-visitation-au-xixe-siecle

Publié dans: 19è siècle, Patrimoine, Religion

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