La bibliothèque du couvent des capucins
De tous temps, les couvents et monastères ont abrité de riches bibliothèques contenant des livres rares et précieux mais aussi des livres défendus par l’Église catholique. Celles et ceux qui ont lu “Le Nom de la rose” d’Umberto Eco ou qui ont vu le film qu’en a fait Jean-Jacques Annaud le savent bien ! La bibliothèque du couvent des Capucins de Romans ne faisait pas exception à la règle.
Au-dessus de la côte des Chapeliers, le clos des Capucins nous rappelle qu’un couvent de franciscains était établi à Romans pendant près de deux cents ans. Ils étaient ainsi nommés à cause du “capuce” ou capuchon dont ils se couvraient la tête. C’est à la demande des romanais que des Frères mineurs capucins vinrent s’installer dans la ville le jour de la Toussaint de l’an 1609. Le premier gardien, c’est ainsi qu’on appelle le supérieur d’un couvent de religieux de l’ordre franciscain, fut le Vénérable Père Joseph de Dreux, élu en 1612, après avoir passé trois ans à faire bâtir le couvent. À la Révolution française, les capucins de Romans furent invités à quitter la ville et leurs biens mobiliers et immobiliers furent vendus. Le bâtiment principal existe toujours et a été divisé en plusieurs petites propriétés.
L’ouvrage que nous présentons ici est le seul exemplaire connu à ce jour d’un livre ayant fait partie de leur bibliothèque.
Intitulé “Le Capucin réformé, Déclarant au long les causes de la Conversion à l’Eglise Réformée, et découvrant les grandes erreurs et abus de l’Eglise Romaine, et de la Moinerie.”, il a été publié à Genève en 1618. L’auteur, Gaspar Martin, fut d’abord prédicateur de l’ordre des capucins et premier supérieur de leur couvent de la ville d’Orange avant de se convertir au protestantisme en 1614. En trois livres, il raconta son abjuration qui changea sa vie de moine en celle de ministre réformé, d’époux et de père. Il était titulaire de l’Église réformée de Courthézon (Vaucluse) durant ses vingt dernières années de vie, de 1631 à 1650.
Sur la première page de cet ouvrage, nous pouvons lire les notes manuscrites : “Livre défendu” et “À l’usage des Capucins de Romans”.
Le 17 novembre 1793, un inventaire complet de la bibliothèque des capucins de Romans a été établi : on y trouve 705 références et notre livre est bien inscrit sous le numéro 470.
Quelques moments de la vie de cette bibliothèque
Le 23 juin 1720, la foudre tomba sur le clocher de leur église, le brisa, brûla un montant et le feu descendit dans la bibliothèque où il brûla des livres et la moitié des cadres de fenêtres du côté de l’Isère.
En juin 1738, pour célébrer la béatification de deux Pères capucins, les moines de Romans organisèrent des magnifiques cérémonies qui se terminèrent par une illumination nocturne avec des pots à feu répandus tout le long de la terrasse et sur toutes les fenêtres de la bibliothèque, plusieurs fusées, serpenteaux et décharges de pétards qui donnèrent à toute la ville un spectacle très amusant.
Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/10/26/un-ouvrage-temoin-de-l-histoire-du-couvent-des-capucins