Les dessous du coteau Saint-Romain
Depuis plusieurs dizaines d’années, toutes les hypothèses étaient envisagées sur le bâti du coteau Saint-Romain. Aujourd’hui, un document inédit du XVIIIe siècle nous le montre tel qu’il était !
Ce document, conservé aux Archives départementales de la Drôme, est inséré dans une procédure, datée de l’an 1710, entre les Pères Capucins et les religieux de l’ordre de Saint-Jean de Dieu de la Charité par laquelle il était reproché à ces derniers d’avoir “élevé une palissade de la hauteur d’un homme, au-delà de leur terrain pour servir en partie de clôture à leur vigne, en s’appuyant contre la muraille qui sert de clôture au grand jardin des Pères Capucins, du côté de l’église.”
J’ai découvert ce document aux Archives départementales de la Drôme en 2014 et l’avais gardé sous le coude jusqu’à aujourd’hui.
On y voit, au fond, le rempart de la ville de Romans (aujourd’hui mur sud du cimetière), à gauche, le couvent (le bâtiment principal est toujours visible aujourd’hui) et l’église (aujourd’hui disparue) des Capucins, à côté, la vigne des religieux de la Charité (entre les deux se trouve aujourd’hui la rue Saint-Romain menant au cimetière), à droite, l’église Saint-Romain (aujourd’hui disparue).
On dit que lorsque l’archevêque Barnard a fondé son abbaye en l’an 838, il y avait, sur les hauteurs, une chapelle en ruines consacrée à saint Romain. Profitant de cette nouvelle présence, la chapelle fut rebâtie et devint le centre d’une paroisse dynamique jusqu’à la Révolution française. Abandonnée, elle tomba à nouveau en ruines et en 1811, les restes de la chapelle furent vendus à l’hôpital de Romans par M. Royannez, propriétaire du terrain sur lequel ils se trouvaient. Sur le plan d’alignement de la ville de Romans fait en 1821 et conservé aux archives municipales, l’inscription “Ruines de l’église de Saint-Romain” est portée au centre du coteau sans plus de précision. C’est tout ce que nous savions jusqu’à présent.
Un autre document inédit est l’acte de vente de l’église et du cimetière de Saint-Romain à Pierre Denis Royannez, tanneur à Romans, en l’an 1796. Celui-ci nous apprend que la principale porte d’entrée de l’église, à l’ouest, avait des portes en bois de sapin fermant avec une espagnolette et serrure, et une autre petite porte, au sud, en médiocre état, qu’à l’est de l’église se trouvait le cimetière de la paroisse qui mesurait 19,5 mètres de longueur sur 14,6 mètres de largeur, et qu’à l’ouest et au sud, l’emplacement public de Saint-Romain. On y apprend aussi que la nef mesurait 27,3 mètres de longueur sur 11,7 mètres de largeur, le chœur, 5,8 mètres de longueur sur 4,5 mètres de largeur, et la sacristie, 4,9 mètres de longueur sur 2,3 mètres de largeur. La hauteur de l’église était de 6,2 mètres. La nef, le chœur et la sacristie étaient pavés en pierre de molasse en mauvais état, les murs étaient bâtis en cailloux sauf les portes et vitraux qui étaient construits en pierre de taille.
À notre connaissance, il n’y a plus eu de construction sur le coteau depuis le début du XIXe siècle et il est donc possible que certaines fondations mises au jour par les fouilles d’archéologie préventive effectuées cette semaine soient de l’église Saint-Romain, et que celles d’un mur traversant soient celles du mur d’enceinte que l’on voit derrière l’église sur le plan.
Cet article de Romans Historique est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2021/10/09/les-dessous-du-coteau-saint-romain