84 photos sur plaques de verre des années 1937 à 1942 trouvées dans un placard de la cure !
84 documents d’époque insoupçonnés
Sans les travaux entrepris dans la cure, personne n’aurait mis la main dessus. Car c’est en débarrassant le placard de la salle de réunion que le Père Damien de Villepoix a découvert trois petites boîtes en bois. Dedans ? Des plaques photographiques en verre, en noir et blanc, mais aussi quelques-unes en couleur. Retour sur cette découverte incroyable.
“L’église est la plus vieille institution du monde mais elle traverse les siècles et reste vivante”, lâche le Père Damien de Villepoix. Car si les photos cachées datent des années 1937 à 1942 à Romans, elles résonnent encore de leur actualité. La bénédiction de l’église Notre-Dame de Lourdes, le recueillement des chrétiens et même les images des enfants de choeur traduisent indéniablement des traditions catholiques.
C’est à travers ces documents que nous avons pu numériser que l’on découvre les étapes de la construction de l’église dédiée à la Sainte-Vierge. “C’est généralement le fondateur qui décide du saint à honorer, le lien s’établit avec le lieu du site retenu ou bien est issu d’une volonté particulière. Cette église met à l’honneur Marie, mère de Dieu”, précise le Père Damien.
A quelques mètres de l’édifice religieux, l’homme de foi vit dans la cure avec les Pères Joël Guintang et Christophe Rivière. Un bâtiment ancien qui nécessitait d’importants travaux de rénovation. Depuis près d’un an, le chantier est en cours. Et au rez-de-chaussée, l’heure est encore à la peinture et à l’isolation. C’est justement dans la salle de réunion, au fond d’un placard bien encombré, que le Père Damien a fait cette étrange découverte. Sans doute, ces photos sont-elles le fruit de la passion d’un des curés de Romans de l’époque.
Sans grande valeur historique, ces objets livrent tout de même les clichés des étapes de la réalisation de Notre-Dame de Lourdes. Une église “déroutante à première vue mais qui est bien adaptée à la vie chrétienne”, juge le Père Damien. C’est là, chaque dimanche, qu’il officie. Un monument à la couleur et à l’architecture surprenantes qui fêtera prochainement ses 80 ans.
Nous remercions tout particulièrement le premier adjoint et fidèle de la paroisse, Philippe Labadens, qui nous a permis, grâce à un matériel spécifique, de numériser ces documents d’époque.
Carole Raynaud.
Un peu d’histoire
Après la démolition des remparts, au milieu du XIXè siècle, la ville de Romans s’était très étendue au nord et l’église Saint-Nicolas, qui vit passer sous sa nef tant de générations romanaises, devenait vraiment trop petite pour sa paroisse.
Dans un premier temps, pour la soulager, on avait construit une chapelle sur un terrain acheté en 1883 par l’évêché, le long de l’avenue Victor Hugo. En 1937, le chanoine Pierre Prudhomme, curé de Saint-Nicolas, décide d’entreprendre une œuvre aussi admirable qu’ardue : la construction d’une grande église.
De nombreux romanais répondent à l’appel de la souscription et le projet de l’architecte François Bérenger est retenu. Il s’agit d’une église en béton armé dans le style gothique moderne. La paroisse ne pouvant exécuter en une seule campagne la totalité des travaux, il est envisagé de ne construire, dans un premier temps, que la grande nef, la chapelle est et le clocher. Des cloisons provisoires fermeront les arcs de façon à rendre possible l’exercice du culte dans cette première partie de l’église.
Le 15 août 1937, jour de l’assomption de Marie, Monseigneur Pic, évêque de Valence, bénit la première pierre. Exactement un an après, le 15 août 1938, l’église est bénie par Monseigneur Pic et le chanoine Prudhomme peut commencer à y célébrer les offices. Elle est consacrée le 19 mai 1940.
La statue de Notre-Dame mesure près de sept mètres de haut et se situe à 45 mètres au-dessus de la place Jean Jaurès. Les vitraux ont été financés par les paroissiens et c’est pourquoi, parmi les saints et les saintes catholiques, nous pouvons reconnaître les visages de certains des donateurs romanais.
En 1982, un incendie heureusement maîtrisé avait obligé à restaurer les fresques murales et à repeindre l’intérieur de l’église. L’autel a été réalisé en 1984 par le sculpteur romanais Toros et consacré le 16 novembre 2014 par Monseigneur Pierre-Yves Michel, évêque de Valence. Pour le cinquantenaire de l’église, en 1988, les façades extérieures ont été repeintes.
Jean-Yves Baxter
L’info en + : Ouvrez l’oeil !
L’architecte de l’église Notre-Dame de Lourdes, François Bérenger (1901, Milan – 1978, Valence), fut l’élève de Paul Louis Denis Bellot dit Dom Bellot. Architecte et moine bénédictin de la congrégation de Solesmes, il utilisait un nouveau matériau, le béton armé, et construisait souvent un haut clocher élancé et détaché du bâtiment principal. Caractéristiques que vous pouvez ainsi retrouver, par exemple, à Comines (Nord) avec l’église Saint-Chrysole, à Audincourt (Doubs) avec l’église de l’Immaculée Conception, et à Eindhoven (Pays-Bas) avec l’église du Sacré-cœur de Jésus. Et à l’intérieur de ces églises, vous serez frappés par la ressemblance avec l’église Notre-Dame de Lourdes de Romans !
Jean-Yves Baxter
Cet article est paru dans le Dauphiné Libéré : www.ledauphine.com
Photographies de la construction de l’église Notre-Dame de Lourdes
Photographies de la pose de la première pierre et de la bénédiction
Photographies du clergé romanais
Diverses vues de Romans