La Confrérie du Très-Haut et Divin Sacrement de l’Autel
Statuts et ordonnances de la Confrérie du Très-Haut et Divin Sacrement de l’Autel, instituée à Romans-sur-Isère au mois de décembre de l’an 1600 :
D’autant que l’indévotion de plusieurs, causée par les troubles et hérésies qui ont envahi le Royaume de France durant les Guerres de religion, touchant à l’honneur qu’on doit au divin Sacrement de l’Autel, avait tellement refroidi l’ancienne piété et révérence, qu’il ne restait quasi aucune marque de celle-ci.
C’est pourquoi les plus zélés catholiques, au service de Dieu, ont érigé en la ville de Romans-sur-Isère et dans l’église de Saint-Barnard une Confrérie du précieux Corps de notre Seigneur, à l’exemple de plusieurs bonnes villes où la dévotion refleurit.
Et parce que la dite Confrérie ne vise qu’à l’honneur du Saint-Sacrement (aussi appelé eucharistie ou communion), tous festins et débauches, toutes assemblées, sauf celles qui se feront dans l’église pour prier Dieu au vu et su d’un chacun, cesseront et n’auront aucun lieu.
Le recteur de la Confrérie qui sera nommé et élu par les confrères le jour de l’Octave de la Fête-Dieu (huitième jour suivant la Fête-Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c’est-à-dire soixante jours après Pâques), et les six assistants qu’il choisira et qui seront approuvés par la Compagnie, auront toute puissance de faire, ordonner et disposer toutes choses pour le bien de la dite Confrérie.
La charge du recteur est de recevoir tous ceux et celles qui se veulent faire enrôler en la dite Confrérie, leur faire entendre les règles de celle-ci, ordonner ce qui concerne les processions, prières, convois des sépulcres des confrères, visitation des prisons et hôpital, soit par lui en personne ou par tout autre qu’il nommera.
Il aura aussi soin des aumônes qui se feront deux fois dans l’année. La première le Jeudi saint (le jeudi précédant Pâques) où il donnera à dîner à douze pauvres après leur avoir lavé ou fait lavé les pieds, en mémoire de l’action que fît notre Seigneur à semblable jour. La seconde se fera le lendemain de la Fête-Dieu durant laquelle le recteur fera cuire deux sestiers de blé en petits pains.
L’office du vice-recteur n’est autre que celui du recteur en l’absence ou empêchement de celui-ci.
Quant au sacristain, il gardera les clés du coffre de la Confrérie dans lequel seront conservés les torches, écussons, drap des morts et autres ornements appartenant à la Confrérie, lesquels il distribuera quand et à qui il sera ordonné par le recteur.
Le trésorier n’a d’autre charge que de recevoir les dons, présents et revenus de la Confrérie et d’employer ceux-ci selon qu’il lui sera demandé, et à la fin de sa charge annuelle, rendre compte du reliquat de son administration.
Le secrétaire doit tenir le registre de tous ceux qui seront reçus en la Confrérie, des présents et aumônes qui y seront donnés, et des délibérations qui y seront prises quand elles seront de quelque poids et conséquence.
Quand à celui qui est employé à sonner les cloches, il sera tenu toutes les fois qu’on portera le Saint-Sacrement aux malades, de sonner neuf coups de la grande cloche si c’est pour quelqu’un des confrères, et cinq coups si c’est pour un autre, afin que les confrères puissent se rendre à l’église.
Si plusieurs femmes d’honneur, poussées du même zèle que les hommes, désirent être admises en la Confrérie, elles pourront y être reçues sous les mêmes statuts que les hommes et dépendront du recteur et de quatre d’entre elles que le recteur nommera.
Reste maintenant à savoir ce que chacun des confrères est tenu de faire.
Premièrement, tous ceux et celles de la Confrérie se confesseront et communieront à Noël, à la Purification de notre Dame (quarante jours après Noël), à Pâques, à la Fête-Dieu, à l’Assomption de notre Dame, et à la Toussaint.
Ils assisteront en personne, ou bien s’ils ne le peuvent y envoyer quelqu’un qui portera leurs cierges, aux processions qui ne seront autres que celles qu’ont coutume de faire Messieurs de l’église de Saint-Barnard.
Quand on portera le Saint-Sacrement aux malades, pauvres ou riches, ils ne manqueront pas de l’accompagner tant qu’ils pourront lorsqu’ils entendront le signal de la grande cloche ou de la clochette, avec quatre torches à écussons lorsque le malade sera du nombre des confrères et seulement deux torches sans écusson si le malade n’est pas de la Confrérie.
Tous se trouveront au convoi et sépulcre de ceux et celles de la Confrérie qui décéderont en la ville, le corps desquels sera couvert du drap des morts marqué des armoiries du Saint-Sacrement, sera porté en terre par quatre, ou six, ou davantage de confrères tel que le recteur ordonnera, avec les parents du défunt et les six torches aux écussons portées par six autres de la Confrérie. Le lendemain, le recteur fera faire un service à diacre et sous-diacre pour l’âme du défunt ou défunte de la Confrérie, où tous les confrères assisteront.
Le jour du Jeudi saint, tous les confrères se trouveront en l’église avec leurs cierges allumés quand on mettra le corps de notre Seigneur au sépulcre, que la Confrérie tâchera d’orner de lumières, lampes ou cierges. Et tandis que le précieux corps y demeurera, on ne le laisserai jamais seul mais depuis le matin jusqu’au soir, il y aura au moins quatre confrères, deux hommes et autant de femmes, qui prieront Dieu, se succédant les uns les autres, selon qu’il sera ordonné par le recteur.
Pour subvenir aux besoins de la Confrérie, chacun lors de sa réception donnera selon sa dévotion et, tous les ans, tous les confrères contribueront le jour de la Fête-Dieu de quelques deniers à leur discrétion, lesquels seront remis entre les mains du trésorier.
En cette Confrérie, il n’y a aucune obligation et tout y est réglé par amour et charité, sous l’autorité de notre Saint-Père le Pape et l’obéissance de notre roi très chrétien.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – 1 FLR 1191, Statuts et ordonnances de la Confrérie du trés-haut & divin sacrement de l’Autel, instituée en la ville de Romans au mois de décembre de l’année du Jubilé 1600, 1600, 4 p., 18×24, Carte d’invitation pour le frère Antoine Pinet collée en fin de texte, Ex-libris.
Très interessant et rappelle à notre bon souvenir la signification de ces fêtes religieuses!
Savez vous si cette Confrérie fonstionne toujours ?
Mes salutations