Quelques usages, fêtes et coutumes ayant existé à Romans
Fête et office du Bourdonnier
Le 1er janvier, jour de la Circoncision, les chanoines de Romans célébraient anciennement un office appelé Bourdonnier parce que l’officiant, à qui l’on donnait le même nom, portait un bourdon ou bâton de pèlerin, lequel bâton était conservé et gardé avec respect. Après l’office, les chanoines accompagnaient le bourdon jusqu’au logement du bourdonnier qui, ce jour-là, était tenu d’offrir une collation aux assistants, de payer le luminaire du choeur et de compter une somme de vingt florins d’or pour les besoins de l’église. Le lendemain, dès le matin, il devait aussi donner à boire à tous ceux des habitants qui se rendaient chez lui. Ce qui se pratiquait encore en l’an 1472.
Voyage des consuls de Romans
Le 16 août, les consuls de Romans se rendaient, chaque année, à Saint-Antoine pour y assister à une messe fondée en 1631 par leurs prédécesseurs et le conseil de la cité, en mémoire de la délivrance de la ville de la peste, et l’accomplissement d’un voeu fait, à cette époque, par les habitants. Ce voeu de la ville fut l’exécution de deux ex-voto d’argent représentant saint Sébastien et saint Roch, qu’on plaça dans l’église de Saint-Barnard, et la fondation de cette messe dans l’église de l’abbaye de Saint-Antoine. Pendant longtemps, les consuls furent exacts à se rendre à cette messe. Ils se contentèrent d’y envoyer ensuite un représentant. Bientôt après, la messe et la fondation cessèrent. Il n’en était plus question en 1789.
Mystères joués à Romans
Une peste terrible qui désolait Romans depuis deux ans ayant cessé en 1507, il fut délibéré par les habitants qu’on rendrait des actions de grâces aux saints martyrs Séverin, Exupère et Félicien, patrons de la ville, et que, chaque année, au jour de leur fête, il serait joué en leur honneur une tragédie ou histoire de leur martyre glorieux. Le chanoine Pra fut chargé de composer cette pièce dite des mystères de ces trois saints martyrisés à Vienne, et Louis Perrier, juge royal, de la rédiger. La pièce, divisée en trois journées, comprenait 3 000 vers et contenait 100 personnages dont les principaux étaient les trois saints, dame Silence qui se présentait la première pour demander l’attention des spectateurs, l’Europe, l’Asie et l’Afrique personnifiées, l’empereur, la sainte Vierge, Dieu le Père et le bourreau. Cette pièce, jouée à Romans jusqu’au moment des Guerres de religion, durait trois jours. Elle était représentée dans la cour du couvent des Cordeliers, sur un grand théâtre orné avec tout le luxe du siècle.
Fête des fous
Cette fête, qui a été connue dans divers lieux de la France sous les noms de Fête des fols, Fête des ânes, Fête des enfants, Fête des innocents, etc., a aussi existé à Romans. Les clercs et les enfants de choeur, les uns et les autres, connus sous le nom d’Esclaffards, élisaient entre eux, chaque année, un évêque, un abbé et leurs conseillers, un aumônier de l’évêque, un préchantre, un second chantre et d’autres choristes qui, à l’issue des offices religieux, célébraient eux-mêmes un office particulier les jours de Noël, de saint Etienne, de saint Jean et des Innocents, étant tous en chape et l’évêque ayant une mitre et le bâton pastoral. Cet évêque, appelé évêque fol, était élu le jour des Innocents pour les fêtes de Noël de l’année suivante. L’élection de l’abbé se faisait huit jours avant Noël. A Romans, cette fête fut supprimée en l’an 1274 “à cause des malheurs, des dangers et des scandales qui jusque là en avaient été la suite”, ainsi qu’il résulte d’un jugement arbitral rendu, cette année, à l’occasion des différends survenus entre le chapitre et les habitants. D’après ce jugement, il fut défendu aux Esclaffards d’élire leur abbé sous peine d’être chassés du choeur et aux habitants de concourir en aucune manière à cette élection sous peine d’être expulsés de la ville. On conserva seulement la création de l’évêque fol, que ces Esclaffards continuèrent à choisir le jour des Innocents, et à couvrir d’ornements pontificaux, comme par le passé. Cet évêque enfant était installé le même jour et conduit à la première place du choeur où les chanoines allaient lui rendre des témoignages simulés de leur soumission et avaient soin d’entonner le Magnificat. L’évêque fol et le trésorier du chapitre présentaient un bourdon ou bâton de pélerin à tous ceux qui étaient dans le choeur. Celui qui l’acceptait s’obligeait à célébrer l’office de Bourdonnier le jour de la Circoncision (voir Fête et office du Bourdonnier, ci-dessus).
Sources : Bibliothèque historique du Dauphiné, Usages, fêtes et coutumes existant ou ayant existé en Dauphiné, J.J.-A. Pilot de Thorey, Xavier Drevet éditeur, 1885.