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Mariage arrangé de deux militaires romanais en l’honneur de l’union entre Napoléon Ier et Marie-Louise d’Autriche

Mariage arrangé de deux militaires romanais en l'honneur de l'union entre Napoléon Ier et Marie-Louise d'AutricheLe 1er avril 1810, l’union civile entre Napoléon Ier et Marie-Louise d’Autriche est célébrée dans la Grande Galerie du château de Saint-Cloud en présence de la Cour et de la famille impériale. Le lendemain, le mariage religieux est célébré dans le Salon carré du Louvre, transformé pour l’occasion en chapelle par l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine. Le mariage est consacré par l’oncle de l’empereur, le cardinal Joseph Fesch.

Napoléon, en vue d’ériger dans toute la France des “monuments durables de cet événement à jamais mémorable” avait ordonné par décret du 25 mars 1810 : “Titre IV. Du Mariage de 6 000 Militaires. Six mille militaires en retraite, ayant fait au moins une campagne, seront mariés le 22 avril prochain avec des filles de leurs communes, auxquelles il sera accordé une dot de douze cents francs pour Paris, et de six cents francs dans le reste de l’Empire.”

Les moyens de communication de l’époque ne permettant pas d’en informer immédiatement tout l’empire, la ville de Romans, qui s’était vu attribuer deux mariages, délibéra le 28 avril 1810 que “1 200 francs pour les deux mariages de militaires à célébrer” seraient à porter dans le nouveau budget de l’année.

Puis, le Conseil municipal réuni le 3 juin 1810 rapporte que “parmi les militaires qui se sont présentés pour concourir à ces mariages, M. le Maire avait remarqué 1°) Louis Claude Sexe, âgé de 36 ans, habitant à Romans, brigadier fourrier des gardes à cheval, porteur d’un congé attestant qu’il a servi et s’est conduit en bon et loyal militaire, qu’il a donné des preuves de valeur dans toutes les affaires où s’est trouvé le corps et notamment à la bataille d’Arcole, et que la fille dont il avait fait choix était Marianne Odier, journalière, habitant à Romans, âgée d’environ 26 ans, exempte de tout reproche et très apte au mariage ; 2°) Antoine Malhefort, âgé de 28 ans, chasseur à cheval dans le 15è Régiment, retiré avec pension de 200 francs, habitant à Romans, qui a fait choix de Marie Dreveton, lingère, habitant à Romans, âgée de 21 ans, exempte de tout reproche et très apte au mariage.” Le Conseil arrête qu’il choisit ces deux couples et invite M. le Maire “à faire parvenir sans retard la présente délibération à M. le Préfet, avec prière d’approuver ce choix pour que la cérémonie de ces mariages puisse manifester au plus tôt la joie qu’éprouvent les habitants de Romans de l’heureux événement du mariage de l’auguste souverain avec l’archiduchesse Marie Louise d’Autriche.”

Mais, le 23 août 1810, un des deux militaires choisit une autre future épouse, l’autre mariage est ajourné et l’on doit le remplacer : “M. le Maire a observé qu’il s’est présenté pour concourir à ces mariages 1°) Benoït Delphin, âgé de 37 ans, sergent au 32è Régiment d’infanterie de légère, retiré avec pension de 200 francs, lequel a fait choix de Jeanne Marie Boudin, native de cette ville, âgée de 20 ans, exempte de tout reproche et très apte au mariage ; 2°) Antoine Malhefort pour supplier le Conseil municipal d’agréer le choix qu’il a fait de Rose Catherine Nicolas, ouvrière en bas, en remplacement de Marie Dreveton que le Conseil avait choisi et homologuée par M. le Préfet. Quant au mariage de Louis Claude Sexe avec Marianne Odier, attendu qu’il ne réunit pas toutes les qualités exigées, il a été ajourné au deux décembre prochain, jour de la fête anniversaire du couronnement de Sa Majesté l’empereur.”

Les deux mariages sont célébrés le dimanche 26 août 1810 :

– Benoît Delphin, né le 3 novembre 1773 à Romans, baptisé le 5 novembre en la paroisse Saint-Nicolas, fils de François Delphin et Anne Philibert, avec Jeanne Marie Boudin, née à Condrieux vers 1790, fille de Jean Boudin et Thérèse Chabert,

– Antoine Malhefort, né le 1er mai 1782 à Romans, baptisé le 2 mai en la paroisse Saint-Barnard, fils de Mathieu Malhefort, teinturier, et Suzanne Jullien, avec Rose Catherine Nicolas, née le 8 juillet 1787 à Romans, baptisée le même jour en la paroisse Saint-Barnard, fille de Jean Nicolas, travailleur, et Marie Barthy.

Cette journée de dimanche est ainsi rapportée par procès-verbal du Conseil municipal : “A neuf heures du matin, la réunion de toutes les autorités s’étant faite dans l’Hôtel de Ville, les futurs époux présents, on a procédé à la rédaction des deux contrats de mariage qui ont été signés par quatre membres du Conseil municipal. De là, le cortège s’est rendu à l’église paroissiale, précédé de la musique des amateurs de cette ville, escorté par la belle Compagnie des Pompiers et suivi d’une foule immense de citoyens que la pompe du cortège et les sentiments d’amour et de respect pour son souverain et son auguste épouse avaient attiré. Les deux épouses ont été conduites l’une par M. le Maire, l’autre par M. Savoye, adjoint, jusqu’au pied des autels où les quatre époux ont reçu la bénédiction nuptiale. La cérémonie étant terminée, l’on s’est rendu dans une des salles de l’Hôtel de Ville où l’on avait fait préparer un splendide banquet auquel ont assisté tous les chefs des autorités, les époux et leurs parents, et les conseillers municipaux. Pendant le repas qui a été animé par la joie et la gaîté, plusieurs toasts ont été portés à Sa Majesté l’Empereur, à son auguste épouse Marie-Louise et aux nouveaux époux. Après le repas, le jeu de tir de la cible a commencé les divertissements publics. A neuf heures du soir, un grand feu d’artifice a été tiré dans la cour de l’Hôtel de Ville et les bals se sont tenus dans les salles avec distribution de rafraîchissements et de comestibles. Ainsi a été terminée, bien avant dans la nuit, cette fête aux acclamations mille fois répétées de Vive l’Empereur.”

Le mariage entre Louis Claude Sexe et Marianne Odier sera, quant à lui, finalement célébré le 5 mars 1811, sans les fastes de la municipalité.

Et trois ans plus tard, le 12 avril 1814, après l’abdication et l’exil de Napoléon Bonaparte, le Conseil municipal de Romans déclarera : “Dernière cité conquise, ou plutôt affranchie par les puissances alliées, Romans est la barrière où les fléaux de la guerre se sont enfin arrêtés. Dernière victime du despotisme, elle bénit les libérateurs […] Vive le Roi, Vive Louis XVIII !” (lire “12 avril 1814 : L’allégresse après l’exil de Napoléon Bonaparte”)

L’Histoire est pleine de ces retournements !

Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – 1 D 7, Délibérations municipales, 1806-1811 – GG 17, Registres paroissiaux, Saint-Nicolas, 1751-1775 – GG 34, Registres paroissiaux, Saint-Barnard, 1778-1792 – E 27, Registre des mariages, Romans, 1810 – E 28, Registre des mariages, Romans, 1811 – Illustration : “Le Mariage de Napoléon et Marie Louise” par Georges Rouget, 1811

Publié dans: 19è siècle, Vie et Métiers

4 Comments on "Mariage arrangé de deux militaires romanais en l’honneur de l’union entre Napoléon Ier et Marie-Louise d’Autriche"

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  1. Jean-Yves dit :

    Oui, il y a eu des mariages napoléoniens en plusieurs occasions. J’ai choisi ceux-là mais je pourrais aussi parler des autres un jour.

  2. Jean-Pierre BERNARD dit :

    Bonjour,
    Juste pour vous dire que des mariages Napoléoniens ont été célébrés souvent, et à d’autres occasions, comme : anniversaire du couronnement, mariage avec Marie-Louise, naissance du Roi de Rome, mariage avec rosière, etc… en feuilletant les actes, à partir de 1807, vous trouverez certainement de nombreux mariages de militaires, à l’occasion des anniversaires de ces événements.
    En Alsace, au premier et second empire, il y a même eu des constructions de bancs en pierre, les bancs reposoirs, sur les routes du Bas-Rhin.
    En vous souhaitant une bonne année 2015.
    Cordialement.

  3. Jean-Yves dit :

    Pas de problème, Claude. A bientôt.
    JYves

  4. magnan claude dit :

    je me suis permis de copier votre article sur les deux mariages impériaux. Des militaires drômois, et romanais en plus, ça ne se refuse pas. Merci. Bien entendu je citerai mes sources. A bientôt.
    J’ai bien aimé l’histoire de l’arsenic. Ah ! les femmes !
    CM

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