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Un train peut en cacher un autre

L’objet que nous présentons cette semaine est un exemplaire du Petit Journal Illustré daté du 14 mars 1926 avec, en couverture, l’illustration d’un événement dramatique survenu à Romans.

Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur qui a paru de 1863 à 1944. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, c’était l’un des quatre plus grands quotidiens français avec Le Petit Parisien, Le Matin et Le Journal. Il a tiré jusqu’à un million d’exemplaires par jour et c’est la seule et unique fois qu’un événement survenu à Romans a été illustré dans ce journal.

Pour sauver son chien

L’événement dramatique est ainsi rapporté en pages intérieures : “Le 28 février dernier, Mlle Yvonne B., âgée de dix-huit ans, domestique au service de M. C., boulanger à Romans, se trouvait près du passage à niveau de la route de Génissieux, quand elle aperçut tout à coup le chien de son maître qui, insouciant du danger, longeait la voie ferrée au moment où survenait un train. Sans hésiter un instant, la jeune fille s’élança et saisit la bête dans ses bras. Mais elle n’eut pas le temps de sortir des rails. Elle fut happée par la locomotive et écrasée. Sans doute trouvera-t’on ce geste de dévouement exagéré. Mais tous ceux qui ont un chien pour compagnon fidèle l’excuseront en regrettant la mort de cette pauvre fille, victime de son affection pour le meilleur, peut-être, de ses amis.”

Quelques recherches montrent que Yvonne B., dont nous avons ici anonymisé le nom de famille, était en réalité âgée d’à peine quinze ans.

De nombreux accidents dans notre ville

La gare de Romans a été mise en service en 1864 par la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée et les lignes de tramway desservant Romans en 1894. Les trains et tramways ont été la cause de nombreux accidents dans notre ville. En voici quelques-uns tels qu’ils ont été rapportés par les journaux de l’époque.

La Lanterne, 9 juin 1897 : “Un terrible accident vient de jeter la consternation dans le quartier de la gare, à Romans. Le tramway qui fait le service de Tain à Romans manoeuvrait près de la station lorsque la machine accrocha la robe de Mme T. La malheureuse fut traînée sur une longueur de quinze mètres, eut la tête broyée et la jambe gauche coupée. On s’empressa autour de la victime mais on ne releva plus qu’un cadavre horriblement mutilé. Une enquête a été ouverte pour rechercher les responsabilités.”

La Croix, 2 avril 1901 : “Hier soir, à Romans, un voyageur, Auguste B., vingt-huit ans, ayant voulu monter dans un train en marche de la Compagnie de la Drôme, a glissé du marchepied sur lequel il était monté, et a roulé sous les roues du wagon qui l’ont broyé affreusement. Transporté à l’hospice, il a rendu le dernier soupir. Le malheureux laisse une veuve et un enfant de quatre mois.”

La Croix, 3 juin 1905 : “Le tramway départemental de Romans à Saint-Donat a écrasé, à la sortie de Romans, un enfant de sept ans nommé Eugène P., qui a été complètement broyé et mutilé. La mort a été instantanée.”

Le Bonhomme Jacquemart, 30 décembre 1908 : “M. D., demeurant aux Récollets, a trouvé sur la voie du chemin de fer, le cadavre mutilé d’une jeune fille. Ce cadavre, qui gisait entre deux rails, avait la tête séparée du tronc. Il a été reconnu pour être celui d’une demoiselle B., quartier des Chapeliers. Une enquête est ouverte par la gendarmerie.”

Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2025/02/08/un-objet-une-histoire-un-train-peut-en-cacher-un-autre

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