Jean-Yves Baxter Lire →

La liqueur du chapitre de Saint-Barnard

L’objet que nous présentons cette semaine est une bouteille véritable, la seule connue à ce jour, de la “Liqueur du chapitre de Saint-Barnard” commercialisée par Premier Fils, le célèbre fabricant d’absinthe romanais.

Nous publions aussi une étiquette de la même liqueur mais un peu différente de celle qui est sur la bouteille. Il y aurait donc eu plusieurs “crus” de cette liqueur dont nous ne savons malheureusement rien malgré les recherches effectuées mais il semble bien que la distillerie Premier Fils a fait un coup marketing local avec une petite quantité de bouteilles.

/Le chapitre de Saint-Barnard

Un chapitre est une assemblée où les moines, les moniales ou les chanoines traitent de leurs affaires et des questions relatives à la vie de leur communauté. Au Xe siècle, les moines bénédictins quittent l’abbaye fondée deux siècles plus tôt par l’archevêque Barnard et sont remplacés par une assemblée ou chapitre ou collège de chanoines, d’où le nom de collégiale Saint-Barnard. La Révolution française supprima les chapitres collégiaux et il conviendrait aujourd’hui de dire : “l’église Saint-Barnard, ancienne collégiale”.

L’absinthe Premier

En 1829, François Premier, né en 1809 à Saint-Nazaire-en-Royans, apprend à faire des liqueurs à Grenoble et s’établit confiseur-liquoriste sous le nom de “Premier Aîné”, place Fontaine Couverte, à Romans, puis rue Saint-Nicolas vers 1835.

En 1836, naît son fils Louis Philippe à qui l’on doit la création de la marque “Premier Fils”.

En 1886, une grande usine est construite dans le quartier de Germançon, en contrebas de l’actuel lycée Saint-Maurice qui était alors la résidence de la famille Premier.

Un bienfaiteur

Le journal Le Bonhomme Jacquemart raconte une anecdote au sujet de Louis Philippe Premier : “Il vient d’entrer dans la boulangerie. Il a l’air sévère. Mais le voici qui parle et un rayonnement de bonté adoucit son regard. Il explique : “Dans nos écoles, il y a des petits qui ne goûtent pas à quatre heures parce qu’ils n’ont rien. Vous ferez porter aux directrices et aux directeurs, chaque après-midi de classe, la quantité de pain nécessaire. On leur distribuera avec des figues et du chocolat que je vais commander. À la fin du mois, vous me présenterez la note.” Et il sortit non sans avoir, dans un geste de discrétion, mit un doigt sur ses lèvres pour recommander le secret le plus absolu.”

En 1915, l’absinthe est interdite en France et l’usine ferme ses portes. Les descendants de la famille Premier-Henry fabriqueront du pastis pendant quelques années. En 1988, l’absinthe est de nouveau autorisée en France mais uniquement sous l’appellation “spiritueux à base de plantes d’absinthe”. La dénomination “absinthe” est à nouveau autorisée depuis le 17 mai 2011.

À la fin du XIXe siècle, grâce à leur fortune, Louis-Philippe Premier et Charles Henry font construire deux somptueux châteaux, témoignages de leur immense réussite industrielle et de leur statut social supérieur : le château Premier, aujourd’hui lycée Saint-Maurice, et le château Henry, aujourd’hui Résidence Charlotte Chaze, à l’entrée du chemin des Boeufs.

L’absinthe rend fous ceux qui la boivent et riches ceux qui la vendent !

Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2025/01/11/la-liqueur-du-chapitre-de-saint-barnard

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