L’abbé Jeunot, confesseur des religieuses de Sainte-Claire
Des cinq couvents et monastères qui existaient à Romans, il n’en reste qu’un seul : le monastère de Sainte-Claire. Situé rue Sainte-Marie, entre le Musée de la chaussure et la place Jules Nadi, il abrite des clarisses, religieuses dites contemplatives se consacrant à la prière et à la méditation.
Le reliquaire de l’abbé Jeunot
L’objet que nous présentons aujourd’hui est un reliquaire véritable et unique de l’abbé Pierre Jeunot, vicaire de la collégiale Saint-Barnard, aumônier et confesseur des religieuses de Sainte-Claire de Romans, comportant sa photo et une mèche de ses cheveux.
Au dos de ce reliquaire, nous pouvons lire : “Bienheureux les miséricordieux ! Notre digne Père P. Jeunot était né à Montrigaud le 17 février 1812. Aumônier des religieuses de Sainte-Claire de Romans depuis le 17 mars 1854. Décédé le 22 mai 1869. Cheveux et différents objets à son usage.”
Ferveur religieuse des romanais
Dès que l’abbé Jeunot eut rendu le dernier soupir, la triste nouvelle se répandit immédiatement dans toute la ville. Son corps, revêtu de ses habits sacerdotaux, demeura exposé sur son lit de mort et dès dix heures du matin, une foule de personnes de toutes conditions et de tous âges ne cessa de le visiter : on lui baisait les mains et le visage, on lui faisait toucher des objets de piété et surtout, on cherchait à se procurer un peu de ses vêtements. Bientôt, la foule avait envahi les lieux. Le curé de Saint-Nicolas, arrivé pour les funérailles, demandait de ne pas toucher aux vêtements du Père Jeunot mais les romanais continuaient à découper sa soutane et son aube. On fit alors évacuer l’église et fermer la porte à clé mais la foule menaçait de l’enfoncer. Il fut alors décidé qu’il était plus sage de rouvrir la porte et de laisser les romanais venir vénérer le défunt. Plus de 10 000 personnes vinrent ainsi pendant les trois jours d’exposition, soit autant que toute la population de la ville en cette année 1869.
Ses jambes sont toutes nues
Une autre anecdote montre encore bien quelle était la ferveur religieuse des romanais. Nous sommes le 22 avril 1830 et la Mère Marthe François du monastère de Sainte-Claire vient de mourir à l’âge de soixante-neuf ans et après vingt-quatre ans de religion. Elle avait témoigné le désir de n’être ensevelie que quarante-huit heures après sa mort et c’est pourquoi son corps fut exposé toute la nuit dans le chœur puis descendu dans l’église en attendant l’heure des obsèques, ce qui donna aux romanais la possibilité de venir lui jeter de l’eau bénite. Mais ils ne se contentèrent pas de cette aspersion : après l’avoir bien regardée, ils avaient la dévotion d’emporter un morceau de ses vêtements. Au point que le Père Caillet, étant monté au confessionnal dit aux religieuses : “Vous devriez bien garder vos mortes dans votre chœur jusqu’au moment de l’enterrement car on a tout coupé des morceaux des vêtements de celle qui est dans l’église, que ses jambes sont toutes nues, c’est tout à fait indécent !”
Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com
Cer article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/11/16/le-reliquaire-de-l-abbe-jeunot-confesseur-des-religieuses-de-sainte-claire